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L’Expérience

Elevage de Brion : le sang de Rantzau et la modernité étrangère

Sylvia Flahaut 13 mars 2024

Installés dans la Baie du Mont Saint-Michel, à Dragey-Ronthon, Charles et Odile Gauquelin font naître depuis plusieurs décennies sous l’affixe de Brion. L’an dernier, au championnat de France des foals, deux de leurs produits issus d’une même souche se sont illustrés : Noisette et Nouba de Brion, respectivement gagnante de la catégorie des jeunes femelles et troisième des pouliches plus âgées.

Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ?

Environ quatre ou cinq, dont un pour les courses, notamment car il y a un centre d’entraînement pour galopeurs à Dragey. J’ai pris la suite de mon père Raymond, et j’ai eu ma première poulinière au début des années 1980. Mais c’est quelque temps après, dans les années 1990, que les choses sérieuses ont démarré et que j’ai affiné ma sélection. Pour ce qui est des courses, avec le centre d’entraînement, j’ai commencé à fréquenter des gens du milieu et j’ai acheté ma première poulinière à Deauville, La Moule, en 1992. Elle était pleine de Cadoudal, PS et m’a donné Milka de Brion. L’un de ses petits-fils, Hasard de Brion (Axxos), a d’ailleurs gagné ce week-end une épreuve de steeple-chase à Lignières-en-Berry.

Sur quelles souches maternelles vous appuyez-vous côté sport ?

Mes souches sont très imprégnées du sang de Rantzau, PS, notamment par le biais de Muguet du Manoir. Cela m’a donné des chevaux assez modernes. Une partie de ma production vient de la souche de Biscotte (Rantzau, PS), via Hirondelle de Brion (Rosire x Qredo de Paulstra), qui a notamment donné Quartz de Brion (Grain de Voltaire), ISO 140. Je parle de Quartz car c’est le croisement de mes deux souches maternelles : d’une part Biscotte via sa mère, Hirondelle, et d’autre part Etoile de Mars (Rantzau, PS x Fulminant, DS), l’arrière grand-mère paternelle de Quartz. Grain de Voltaire (Voltaire, Han) est né à la maison en 1994. Celui-ci descend donc de mon autre bonne souche maternelle, celle d’Etoile de Mars, également une fille de Rantzau, comme Biscotte, et que mon père a fait naître en 1970. Elle avait un modèle moderne, dans le sang. Etoile est notamment la grand-mère d’Atout d’Isigny (Benroy, PS), ISO 188, et l’arrière grand-mère d’Hym d’Isigny (Qredo de Paulstra), ISO 183, performers sous la selle d’Eric Navet. C’est de la souche d’Etoile de Mars que sont issues les jeunes Nouba de Brion (Casallo Z) et Noisette de Brion (Jilbert van’t Ruytershof, Bwp).

Etoile de Mars (Rantzau, PS), présentée en 1973 au Salon de l’agriculture. Ph. Coll. privée

Avez-vous fait vos choix d’étalons pour la saison de monte à venir ?

Tout n’est pas encore totalement arrêté mais j’ai déjà quelques idées. Je suis assez sensible aux courants de sang, je regarde les croisements qui fonctionnent bien, à l’instar de Clinton, Holst x Heartbreaker, KWPN ou Cornet Obolensky, BWP x Diamant. Cette année, je pense sélectionner le KWPN Grandorado TN, qui présente un très beau modèle, avec beaucoup de cadre. Je projette de le marier à une jument issue de la souche de Biscotte, Kim de Brion (Mylord Carthago). Kim est la soeur utérine de Génial de Brion (Vagabond de la Pomme, sBs), qui a notamment obtenu la mention “Très Bon” à six ans et qui tourne aujourd’hui sous la selle de Margaux Rocuet. J’aime beaucoup le KWPN Untouchable 27, et je pense à aller à l’un de ses fils étalons, Uriko, KWPN, voir à son petit-fils, Uricas van de Kattevennen. Je pense à l’un ou l’autre – ou les deux ! – pour mes juments issues de la souche d’Etoile. Et puis, également de cette souche, j’ai Fierté de Brion (Kannan, KWPN), une grande jument. Pour elle, je pense sélectionner des étalons qui apporteront un peu moins de taille comme Diarado, Holst ou Balou Star, Old. Des chevaux assez concours, dans le sang. Enfin, pour Vanille de Brion (Opium de Talma), la mère de Noisette de Brion, championne de France des foals, je pense à Joker d’Euskadi*GFE. Je l’ai sélectionné l’année dernière déjà, j’attends de voir le poulain pour le choisir de nouveau.

Que recherchez-vous dans vos croisements ? Quels atouts attendez-vous d’un étalon ?

Avant toute chose, il faut de bonnes mères : la jument compte pour plus de la moitié dans un croisement. Pour ce qui est des étalons que je sélectionne, je veille à ce qu’ils soient véritablement faits en pères, beaux, avec un bon bout de devant, qu’ils dégagent quelque chose. Un reproducteur doit se faire remarquer par sa présence. La locomotion est pour moi un critère très important. Je crois que les chevaux étrangers nous ont apporté beaucoup d’atouts dans ce sens : de la modernité, de la tenue, de la prestance. C’est pourquoi on les retrouve souvent dans mes croisements. Grandorado, Uricas… ce sont des chevaux qui donnent envie ! Outre ces qualités physiques, je veille également à leur état de santé et je privilégie généralement des visites vétérinaires à quatre ou cinq étoiles, c’est mieux.

Crédit photo à la une: Les Garennes