Linaro, Dexter Leam Pondi et Kantje’s Ronaldo continuent de tracer (Part 2/2)

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Royal Aronn et Roudoudou, moins médiatisés, tout aussi méritants
Au-delà du trio de tête, il semble opportun de mettre en lumière quelques sujets moins médiatisés : ainsi, Royal Aronn du Vassal, plus jeune étalon parmi les dix premiers et premier représentant du stud-book PFS, confirme sa grande valeur au fil des années, en pointant à la sixième place en 2024. C’est d’autant plus méritant que sa production est anecdotique comparée à celles des mastodontes évoqués plus haut : il affiche seulement soixante-sept produits en âge de concourir quand Linaro, Dexter Leam Pondi, Kantje’s Ronaldo, Don Juan V et Thunder du Blin en comptent respectivement 1007, 715, 593, 923 et 1135. On peut donc regretter l’utilisation bien trop confidentielle du fils d’Aron N. De sa production se distinguent six poneys indicés à 150 et plus, dont Aronie La Meulerie reste aujourd’hui le fer de lance avec un indice de 170 en 2019.

Malgré une production assez mince, le PFS Royal Aronn du Vassal confirme sa qualité de reproducteur en prenant la sixième place du palmarès étalons sur descendance. ©PSV
La même génération et un peu le même profil pour le huitième du classement, Roudoudou d’Hurl’Vent : sérieux compétiteur, très bien né – sa mère, Naborah d’Hurl’vent, étant troisième du classement des poulinières –, le gris de Lona Giry n’avait en 2024 que soixante-deux produits susceptibles de concourir. Parmi eux, sept étaient détenteurs d’un IPO égal ou supérieur à 150. Mais, à la différence notable de Royal Aronn, il compte déjà deux représentantes de niveau européen : les cracks juments Daenerys d’Hurl’Vent, IPO 186 en 2021, et Armène du Costil G, IPO 170 la même année. Et depuis maintenant quatre ans, il a la chance d’être distribué beaucoup plus largement que son camarade de promotion, servant entre quarante et soixante ponettes chaque année. Dans ces conditions, il ne fait aucun doute qu’on devrait encore entendre parler de lui.
SAILLIES : Un marché concentré

Le palmarès selon les saillies met en lumière les étalons ayant eu le plus de succès auprès des éleveurs lors de la saison d’élevage écoulée. Un premier constat s’impose : comme les années précédentes, le marché de l’étalonnage poney apparaît relativement concentré. Seuls les dix premiers étalons parviennent à saillir plus de cinquante ponettes et se partagent ainsi un harem de près de 1 000 reproductrices. Pour le reste et en toute logique, les grands performers tirent leur épingle du jeu ! Ainsi, nombreux sont ceux à avoir prouvé leur valeur en compétition, parfois jusqu’au meilleur niveau européen à l’instar de Rexter d’Or (soixante-huit saillies), Vox Pop de l’Aulne (soixante-deux saillies), Vedouz de Nestin (quarante-quatre saillies), Uhelem de Seille (quarante saillies) ou encore le multi-médaillé Quabar des Monceaux (trente-huit saillies). Au-delà de leurs qualités sportives intrinsèques, d’autres tirent également leur succès du type de croisements pour lesquels ils sont majoritairement utilisés : c’est le cas de Very Star Kerveyer (150 saillies) et de ses fils, qui séduisent de plus en plus d’éleveurs de chevaux, en recherche de débouchés commerciaux pour des juments de sport de taille modeste ou même intermédiaire. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que le croisement père cheval x mère ponette qui était la référence il y a quelques années est désormais en perte de vitesse au profit du croisement père poney x mère cheval (au moins d’un point de vue numérique).

Carton plein en 2024 pour Goldwyn d’Embets, protégé de Sophie Mavrocordato, qui a servi plus de 150 ponettes. Génétique rigoureusement sélectionnée, valorisation à haut niveau, communication professionnelle sont les ingrédients du succès pour ce porte-étendard de l’écurie des Lays. ©PSV
Kaiser Storm Alias, jeune mais séduisant
Il est loin le temps des Haras nationaux et rares sont les très jeunes étalons à attirer à eux une jumenterie importante. Il faut dire que, contrairement à certains de nos voisins européens, le recours massif à la jeune génétique ne fait pas encore partie de la culture d’élevage en France. Pour autant, un titre au niveau national associé à une stratégie de promotion efficace (publication sur les réseaux sociaux, salon des étalons…) permet à quelques jeunes sujets de lancer leur carrière d’étalon : c’était le cas en 2024 pour Kaiser Storm Alias (Conthargos) et Looping EPDJ (Very Star Kerveyer). Le premier est champion de France des 3 ans PFS, issu d’une souche basse prolifique et de qualité, et le second vice-champion des 2 ans PFS. Ils ont servi respectivement soixante-huit et trente huit ponettes. Enfin, à la différence des années précédentes, on voit apparaître aux premières places de ce classement des sujets encore relativement jeunes (de 7 à 11 ans), mais qui démontrent un potentiel sportif sortant de l’ordinaire. C’est notamment le cas de Goldwyn d’Embets (152 saillies), Hwen d’O Vezauzière (85 saillies) ou encore Dragibus du Rouget (81 saillies). C’est sans doute le signe que les éleveurs de poneys n’hésitent plus à faire confiance à des génétiques émergentes, à condition qu’elles aient déjà démontré leur valeur sur les terrains.
VERS UNE ANALYSE AU RATIO ? D’une manière générale, il serait intéressant, pour les années à venir, d’analyser le pourcentage de produits performants rapporté à l’ensemble de la production en âge de concourir : c’est probablement le seul moyen de neutraliser l’effet “taille de la jumenterie” des étalons à succès (qui bénéficient souvent d’une démarche de promotion plus structurée et professionnelle) et de mettre en évidence ceux qui produisent le mieux en proportion.
Quick Star, présent et influent
La lecture du classement met également en lumière l’influence déterminante du petit Selle français Quick Star, avec quatre de ses descendants (directs ou indirects) parmi les vingt-cinq étalons poneys qui saillissent le plus en 2024 (Very Star Kerveyer, Greatstar Embet Tilia, Movie Star Tilia et Looping EPDJ). L’occasion de rappeler l’extraordinaire succès du crack de Meredith Michaels-Beerbaum en élevage poney, attesté par son BPO de +38(0,86). Jugez plutôt : parmi ses quinze produits enregistrés au stud-book Poney Français de Selle, dix sont indicés au-dessus de 120, dont cinq au-dessus de 140 ! Si on leur reproche régulièrement – et à juste titre – une technique des antérieurs peu conventionnelle, que dire du sang, de la volonté et de la force souvent transmis par le génial fils de Galoubet A. Autant de qualités utiles à nos jeunes pilotes ! Mais, plus encore, c’est l’ombre d’une petite ponette Welsh B qui plane indubitablement sur ce palmarès : Nouhka de Gabriac (Kirby Cane Statecraft), au travers de ses fils et des produits de sa célèbre fille, Hourloupe du Tilia (Elvey Jarnac), est présente dans le papier de 671 produits à naître en 2025. Voilà qui appelle une nécessaire réflexion dans le schéma de sélection des stud-books concernés (au premier rang desquels le Poney Français de Selle) pour anticiper d’éventuels enjeux de diversité génétique.

Un succès qui s’inscrit dans la durée pour le petit phénomène Very Star Kerveyer, chouchou des éleveurs de chevaux qui s’essayent aux croisements poney. Le fils de Movie Star Tilia a servi pour la quatrième année consécutive plus de cent juments et ponettes. ©PSV
Par Sébastien Maillet