Idromel Noir*IFCE : Le nectar de l’attelage tricolore (Part 1)

Championne en 2023, en 2024, Idromel Noir*IFCE est l’une des fiertés de l’Institut français du cheval et de l’équitation. Destinée au dressage, quelques centimètres manquants ont finalement orienté la jeune baie brune vers l’attelage. Un phénomène aux guides de Fabrice Martin.
« C’était une petite boule”, sourit Patrick Pratlong lorsqu’il se remémore l’arrivée d’Idromel Noir*IFCE, 3 ans, à Saumur. Une petite boule d’environ 1,57 mètre, qui présentait toutefois une sacrée locomotion. Elle n’avait pas manqué d’ailleurs de taper préalablement dans l’œil de Fabrice Martin, formateur attelage et compétiteur, qui l’avait vue grandir dans les prés du Haras du Pin.
Mais revenons au début de l’histoire, quand les responsables des chevaux de l’École nationale d’équitation (ENE), et notamment Patrick Pratlong, ont décidé de procéder à des transferts d’embryons avec certaines juments. “Il est arrivé un moment où il était difficile d’acheter des chevaux de dressage au vu des prix, indique-t-il. La mère d’Idromel, Dakota de Hus, avait été achetée au Haras de Hus lors d’une vente de réduction d’effectifs. Elle a ensuite tourné avec succès sous la selle de Pauline Basquin. Le père d’Idromel, Ultra Time, est un très beau cheval alezan, grand, que nous avions acheté en Allemagne. Il avait un peu tourné sous la selle de Jean-Paul Largy, écuyer, mais une faiblesse à l’antérieur occasionnait systématiquement des tendinites et il n’a pas pu passer le cap. Nous avons alors décidé de la consacrer à la reproduction et à Dakota.”

Changement de programme
“Quand elle est arrivée à Saumur, Fabrice Martin m’avait déjà prévenu, se remémore Patrick Pratlong. Il m’avait dit qu’il adorait la jument. Sous-entendu : elle pouvait retourner au Pin [rires]. Nous l’avons observée avec Pauline [Basquin, ndlr] et je lui ai demandé ce qu’elle en pensait. C’était à elle de faire un choix, étant donné qu’Idromel était un produit de sa jument. Pauline a admis qu’Idromel avait une super locomotion, mais qu’il lui manquait quelques centimètres. Alors, j’ai rappelé Fabrice et je lui ai dit que la jument était pour lui. Je crois qu’il en est tombé de sa chaise. Je ne pouvais pas lui faire un plus beau cadeau !”
Ce dernier se souvient bien de ce moment. “C’était un jeudi à 15 heures. Deux heures après son appel, le camion était réservé pour aller la chercher dès le lendemain. Je me souviens être parti à 5 heures pour être à Saumur au petit matin. J’avais peur que Patrick change d’avis [rires].”
“Idromel, je l’avais remarquée dans les prés du Haras du Pin quand je sortais attelé avec Lanzaro, qui était alors mon cheval de tête, se plaît à raconter Fabrice Martin. Elle était dans un pré avec d’autres chevaux alezans. J’avais vu ce petit cheval noir, brillant, pétillant… Je fais partie de cette génération qui a rêvé avec Jappeloup, et je crois qu’Idromel représentait pour moi cet idéal. On m’a cependant vite dit de ne pas trop rêver, et que ce pré était celui des hongres de dressage destinés à Saumur. Ce petit cheval qui m’avait fait de l’œil, il n’était clairement pas pour moi ! Mais je suis quand même allé maintes fois à sa rencontre dans le pré et je pensais donc que c’était un hongre. Je le trouvais particulièrement attachant, avec une belle façon de bouger.”
À cette époque, Fabrice Martin avait sollicité sa hiérarchie pour organiser la relève de Lanzaro (Londontime, Han) et obtenir une enveloppe budgétaire. Après avoir finalement découvert le véritable sexe d’Idromel et observé une fois de plus son galop fantastique, Fabrice Martin insiste auprès de Patrick Pratlong pour se voir confier la jeune jument. “Je suis à moitié breton, je crois qu’il m’est arrivé de l’appeler trois fois par semaine pour lui parler d’elle !” Alors, quand Idromel regagne ses quartiers au Pin, Fabrice Martin organise la formation de son diamant brut.
Avant la fin de son année de 3 ans, la baie brune est attelée et commence à sortir en extérieur. Quelques semaines plus tard, elle accompagne même Lanzaro lors d’un stage fédéral à Lamotte-Beuvron, où elle se montre très sage. Et puis, de retour au Pin, lors d’une énième sortie, Idromel se met à taper dans la voiture. “J’ai passé huit, neuf mois à me gratter la tête, se rappelle Fabrice Martin. Finalement, sur le conseil d’Anthony Gohier, qui exerce également au Pin, nous avons attelé Idromel en paire, avec un Cob puis avec Lanzaro. C’est d’ailleurs assez singulier : Lanzaro est un fils de Londontime et le père d’Idromel, Ultra Time, en est également un… Attelée en paire, Idromel a cessé de taper et nous avons pu de nouveau l’atteler seule et progresser.”
A suivre…
Par Sylvia Flahaut
Photo de couverture : ©PSV Photo