Règle de la trace de sang : la fédération allemande voit rouge

Xavier Boudon 5 novembre 2025

Chaque année, la FEI fait évoluer ses différents règlements selon un cycle bien établis. 2025 marque notamment la refonte totale du règlement du saut d’obstacles. Parmi les évolutions, l’une d’elles concerne la règle de la trace de sang, avec un allègement des sanctions voulu par l’IJRC et la fédération américaine. Le 31 octobre, la fédération allemande a annoncé dans un communiqué qu’elle voterait contre.

Certains y verront un soupçon d’ironie, d’autres une prise de position salutaire, et d’autres encore un coup de communication vers l’opinion publique nationale. Toujours est-il que cette prise de position fait du bruit dans le petit landernau feutré du saut d’obstacles mondial. En dressage, la règle est simple : zéro tolérance. Une infime goutelette retrouvée sur le cheval et c’est l’élimination. En CSO, idem…jusqu’à ce que l’IJRC (International Jumping Riders Club) soutenu par l’USEF (la fédération équestre américaine) dépose un amendement (c’est la saison…) afin de demander l’allègement des sanctions en cas de trace de sang. D’une élimination, les deux entités souhaiteraient un simple avertissement (l’équivalent d’un carton jaune). Leur argument : il arrive qu’une légère trace de sang puisse être causée par le cheval lui-même (s’il se mord la langue ou la lèvre), ou par un insecte. Le caractère de « cause naturelle » interviendrait dans la décision du jury qui autoriserait alors le cavalier et le cheval à poursuivre la compétition. En cas de récidive – deux avertissements et plus sur une période de douze mois – la Personne Responsable (un qualificatif juridique pour identifier la personne sous la responsabilité de qui est placé le cheval, en général le cavalier) se voit infliger une amende de 1000 CHF et une suspension automatique d’un mois (qui débute le lendemain du concours où le dernier carton a été attribué). En gros, les cavaliers de saut d’obstacles veulent qu’on leur laisse le droit à l’erreur…

De quoi faire bondir les acteurs du sport à l’heure où tous essaient de faire évoluer les choses, la FEI y compris, elle qui prône l’adoption par tous de la « licence sociale », en résumé faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire accepter les sports équestres par l’opinion publique en adoptant des pratiques respectueuses du cheval et de l’éthique. Martin Richenhagen, Président de la FN DOKR (la fédération allemande) a annoncé que l’Allemagne voterait contre, arguant – à raison – que « le bien-être du cheval est primordial dans toutes nos actions. Ce changement de règle est incompatible avec nos principes ». Depuis, d’autres fédération – Danemark, Autriche, Suède – ont adopté cette position.

130 fédérations sont représentées cette semaine à l’Assemblée Générale de la FEI, qui se tient à Hong Kong jusqu’à vendredi 7 novembre. Le vote se joue à la majorité. Comme toujours, les grandes fédérations (par le nombre de licenciés et d’événements internationaux) risquent de peser bien trop peu dans la balance face aux micros fédérations comptant parfois un seul licencié FEI…