AG FEI : le nouveau règlement CSO approuvé

Renaud Rahard 9 novembre 2025

Avec 96% de oui, le nouveau règlement FEI de saut d’obstacles a été largement approuvé lors de l’Assemblée Générale de la Fédération Equestre Internationale, tenue à Hong Kong hier 7 novembre. Cela inclut la fameuse nouvelle règle des cartons infligés lors de la découverte d’une trace de sang lors d’une compétition. Un camouflet pour une poignée de fédérations nationales, dont l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui s’étaient prononcées contre.

Revu entièrement à intervalles réguliers, le règlement FEI intègre désormais une nouvelle notion : la possibilité, pour les officiels d’une compétition internationale de saut d’obstacles, de notifier un avertissement lors de la découverte d’une trace de sang sur un cheval. L’Article 259 a ainsi fait du bruit dans l’amphithéâtre. Voulue notamment par l’IJRC, cette évolution vise, selon le club des cavaliers, à aller plus loin dans le respect du bien-être du cheval. L’article 259 du règlement FEI CSO stipule notamment :

  • Nouveaux contrôles obligatoires d’aptitude à la compétition par le jury de terrain, en consultation avec le délégué vétérinaire, dans tous les cas de saignement.
  • Les chevaux ne sont désormais autorisés à poursuivre la compétition que s’ils ont été déclarés aptes à la compétition à l’issue du contrôle vétérinaire susmentionné.
  • Des règles plus claires pour les officiels de la FEI, supprimant la distinction « mineure » et garantissant une plus grande cohérence et objectivité.
  • Transparence et responsabilité accrues pour les athlètes, avec la publication par la FEI de tous les avertissements enregistrés en saut d’obstacles.
  • Notification automatique aux fédérations nationales de tous les avertissements enregistrés en saut d’obstacles concernant leurs athlètes, leur permettant de mieux suivre les cas et de décider s’il convient d’imposer des contrôles ou des mesures supplémentaires en matière de bien-être.

En résumé, au bout du second avertissement, l’incident sera enregistré par la FEI et rendu public. Au-delà de deux avertissements dans une période de douze mois glissants, le cavalier devra payer 1000 CHF (francs suisses) d’amende et sera suspendu un mois à compter du jour où « l’incident de trop » aura été signifié.

Par ailleurs, dans les cas où du sang apparaît parce que le cheval s’est mordu la lèvre ou la langue, ou qu’il saigne du nez, le sang sera essuyé et le couple pourra poursuivre la compétition, à condition qu’il soit en état de concourir.

Certaines fédérations ont voté contre (56 voix pour, 20 contre, et 2 abstentions), et la FEI a visiblement pris leur avis au sérieux, en particulier celui de la Grande-Bretagne, expliquant dans son communiqué officiel qu’elle allait suivre de très près la mise en oeuvre de ces nouvelles règles.

La FEI met en garde

Le président de la FEI Ingmar De Vos a clairement fait comprendre que si la FEI avait accepté de procéder à un vote séparé pour ce fameux article 259, elle ne souhaitait pas que ce sujet revienne sur le tapis tous les ans. « Les athlètes sont venus nous voir pour nous demander de changer cela, suite à ce qui s’est passé à Paris, et nous les avons écoutés. N’oublions pas que les athlètes sont au cœur de notre sport, personne d’autre. Nous les écoutons donc et nous les aidons à s’adapter. Et je pense que nous devons respecter les personnes qui ont travaillé très dur pour améliorer cette règle. »

Des questions en suspens

Il est certain que jusqu’à présent, il était difficile voire impossible pour les officiels de mesurer le niveau d’atteinte à l’intégrité du cheval, et de faire la part des choses entre un cas avéré de maltraitance et une micro atteinte due à un pincement (lèvre, langue) ou une piqûre d’insecte par exemple. Ce qui a conduit parfois à des éliminations jugées par les cavaliers quelque peu excessives (on se souvient de Pedro Veniss et Nimrod de Muze aux JO de Paris). Ce principe d’avertissement gradué aidera-t-il les officiels à sévir plus facilement ? S’agit-il de cartons jaunes comme ceux existant déjà ou d’un nouveau type de sanction ? Comme l’ont évoqué nos intervenants lors du débat sur le bien-être vu par le biais du règlement (cf. L’Eperon n°463 actuellement en kiosque), la réalité sur le terrain est plus contrastée. Entre les officiels parfois soumis aux pressions extérieures, et ceux à qui l’on dit de ne pas signaler les cas relevés parce que la preuve n’est pas irréfutable, ce nouveau système ne résoudra pas tous les blocages observés jusqu’à présent.

Par ailleurs, comme l’ont demandé certaines nations, comment justifier que le saut d’obstacles bénéficie d’une telle mesure graduée (un avertissement ne signifie par l’élimination immédiate du couple) alors qu’en dressage par exemple, passablement sous les projecteurs des médias généralistes et des associations de défense des droits des animaux, la règle reste la même : zéro tolérance quel que soit l’endroit où le sang est repéré. Comment faire accepter le ‘deux poids, deux mesures’ dans un monde déjà manichéen à l’excès ?

Les premiers mois de l’année 2026 s’annoncent très intéressants et nous ne manquerons pas de suivre ces nouvelles mesures avec attention.

Crédit photo à la une: © FEI/Shortcut by Jason