Vente Fences Elevage du Rouet : la réussite d’un travail d’équipe
Tant sur le plan de l’organisation que de la qualité génétique proposée, cette édition 2025 de la vente aux enchères de cet élevage emblématique de la Manche a attiré les curieux mais aussi les acheteurs. 44 lots sur 61 présentés ont été adjugés pour une somme totale de 980,000€ et un prix moyen d’un peu plus de 22,000€. Sans grande surprise, l’étalon La Tour du Rouet a créé l’animation en atteignant le top price à 305,000€, acheté par le GFE.
La famille Fardin avait mis les petits plats dans les grands. Tout ce que la Manche compte (encore) d’éleveurs de renom – présents ou passés – s’était donné rendez-vous à St Aubin de Terregatte, aux confins sud de la Manche, à deux pas de l’Ille-et-Vilaine. Des boxes démontables avaient été disposés autour des écuries et du manège afin de permettre aux visiteurs de se faire une idée ‘sur pieds’ des quelques 61 sujets proposés (un seul absent). Foals, 2 ans, 3 ans, et quelques chevaux plus âgés prêts à s’élancer sur le circuit SHF constituaient le catalogue. Soucieux de mettre les acheteurs potentiels à l’aise, Yannick et son fils Pierre avaient choisi d’inviter tout le monde à déjeuner. Suffisamment rare pour être souligné. On sait encore recevoir chez les Manchois ! Car tout le reste était à l’avenant : accueil chaleureux, tables bien disposées, rond de présentation aux normes habituelles, murs arborant le logo de l’Elevage du Rouet, etc. Un choix de l’organisation qui s’est appuyée autant sur les compétences de l’agence Fences (et son réseau) que sur celles de prestataires régionaux aguerris. Mention spéciale pour la qualité des photos et vidéos du catalogue, et la sonorisation des lieux !
Une génétique dieversifiée
Après des débuts timides, les débats s’animèrent au lot 14, Kenora du Chanu, une très plaisante fille de Candy de Nantuel, sport, souple, bondissante, vendue en France 32,000€. Elle descend de la souche de Danae, sf (Starter, sf), l’une des grandes matrones du stud-book Selle Français. La 3e mère de Kenora, Reine du Mesnil II, sf (Le Plantero, sf), n’est autre que la mère de l’internationale Baladine du Mesnil, sf (Le Sartillais, sf) ISO 181, elle même mère de Salto des Nauves, et de Onestar du Mesnil, sf (Diamant de Semilly, sf) ISO 160.
La Tour du Rouet, phare de la journée
Cette jolie vente a constitué un tremplin idéal pour le lot suivant, le plus attendu de la journée : La Tour du Rouet (Dollar du Rouet, sf). Cet imposant bai foncé, aux excellents tissus, exprime de la force, avec un modèle de père, des articulations solides, et un galop ample. Même s’il peut sembler « fait à l’ancienne » au premier coup d’œil, sa génétique pourrait nous surprendre. En effet, son grand-père maternel Zandor Z est connu pour apporter du sang, très recherché par les connaisseurs. Sa souche maternelle est plus que confirmée. Il descend de Vestale, sf (Bel Avenir, ds), jument base de l’élevage du Rozel d’Albert Blin-Lebreton qui lui a donné la bonne Mésange du Rozel, sf (Night and Day, ps), mère notamment de l’international Trophée du Rozel, sf (Narcos II, sf) et de trois poulinières d’exception ayant engendré de grands gagnants comme Jumping du Rozel, sf (Le Tot de Semilly, sf) ISO 160, son propre frère Pigmalion du Rozel, sf ISO 166 (Elite à 4 ans), ou encore L’Echo du Rozel, sf (Papillon Rouge, sf) ISO 157. La Tour du Rouet, fils de l’intéressant Dollar du Rouet, sf (Chacco-Blue, meckl) – 7 de ses produits figuraient au listing – est un petit-fils de l’internationale Pin’up d’Hammer, sf (Adelfos, holst) ISO 157 avec Michel Hécart. Avec 72 juments saillies en 2025, et cela malgré une saison très légère côté sport (2 parcours sans faute sur 2 en Cycle Classique 4 ans), La Tour du Rouet s’annonce comme la belle recrue du Groupe France Elevage pour 2026.
De l’engouement pour les modèles sport
La seconde meilleure offre – 94,000€ – fut pour Lys du Rouet, sf (Candy de Nantuel, sf), arrière-petit-fils de la propre sœur de Baloubet du Rouet, El Ira du Rouet. Indicé 132 cette saison, très sport comme les signe son père, avec des rayons, son passage de dos rappelle son grand-père maternel, Kannan. Il rejoint la Belgique, seul pays actif lors de la vente avec 6 achats.
Deux mâles plaisants au modèle et à l’obstacle ont convaincu des acheteurs à hauteur de 50,000€ chacun. Master du Rouet, sf (Dollar du Rouet, sf), étalon approuvé de 3 ans, se réclame de la souche de Noceuse V, sf (Tamersale, ps), jument base de l’élevage du Ter de Claude Bichet, mère de l’étalon Barabbas du Ter, sf (Almé, sf) ISO 162. De taille réduite, il montre de la force et est clairement signé par son grand-père maternel Comme Il Faut. Sa mère Happiness du Ter, également aux enchères, a été rachetée à hauteur de 19,000€. Quatre numéros plus loin, Milord du Rouet (photo ci-dessus) a lui aussi atteint les 50,000€. Très souple, indéniablement signé par son père Hardrock Z (Heartbreaker, kwpn), ce bai foncé est le frère utérin de Lys du Rouet dont nous avons parlé précédemment. Sa réactivité et son passage de dos ont enthousiasmé la salle, confirmant l’intérêt de ce croisement.
Au-delà des chiffres, le bilan de cette vente montre que si grands soient-ils, les élevages français savent se remettre en question et avancer avec leur temps, en utilisant les codes de nos voisins européens tout en reniant pas leurs racines. Un pari un peu fou relevé avec brio.
