Ballerine du Vilpion, l’étoilée de Bosty

Rédaction 14 décembre 2025

La bouillante fille de Baloubet du Rouet honore sa présence lors du Salon du Cheval de Paris sous la selle de Roger-Yves Bost, cavalier qu’elle a rejoint en 2021. Depuis, Ballerine du Vilpion ne passe pas inaperçue : plutôt sanguine, dotée d’un coup de jarret remarquable hérité de son grand-père maternel, Quidam de Revel. Elle est aujourd’hui un atout majeur pour le cavalier tricolore. Retraçons son parcours jusqu’à aujourd’hui !

C’est dans l’Aisne, à l’élevage du Vilpion, que naît l’alezane issue d’un croisement prestigieux Baloubet du Rouet x Quidam de Revel, orchestré par l’éleveur Christophe Legros. Le nordiste Paul Lescaillet a rapidement pris part à l’histoire : « Je me suis associé à la famille. J’ai commencé à la monter à 5 ans et j’ai couru sur le circuit Cycle Classique. La saison s’est très bien passée puisqu’elle a fait 100 % de sans-faute et gagné le CIR de Compiègne », se souvient-il. Malgré des résultats prometteurs, Paul a fait un choix qui en dit long sur sa relation avec la jument : la préserver plutôt que la surexposer. « L’objectif n’était pas de la vendre donc j’ai préféré la préserver et ne pas aller à la finale », confie-t-il.

À ses six ans, tout s’accélère. Malgré les remarques extérieures, il ne lâche rien : « Dans la région, on me disait qu’elle n’aurait pas assez de moyen. Moi, j’y ai toujours cru : elle a tout ! » En s’entraînant chez Guillaume Foutrier, Paul comprend son potentiel. « Il m’a beaucoup aidé à la travailler et a confirmé mon ressenti », raconte-t-il. Et Ballerine lui rend bien : elle l’emmène jusqu’en Grand Prix 3* 1,50 m, avant de sauter à La Mecque des sports équestres. « Elle a couru l’un des plus beaux Grands Prix avec Bosty, celui d’Aix-la-Chapelle en 2022 : elle ne nous aura pas fait mentir ! »

Elle est feu et sang

Comme en témoigne son ancien cavalier, « elle a toujours eu beaucoup d’envie. Ce n’était pas simple à canaliser », explique-t-il. Ce tempérament ne s’est jamais vraiment assagi : « Je pensais que ça allait se calmer avec l’âge, pas du tout ! ». Après l’avoir repéré sur plusieurs concours, une similitude se dessine dans le regard d’un certain Roger-Yves Bost : « Bosty m’a toujours dit qu’elle ressemblait beaucoup à Sydney (Une Prince) ! » Se séparer de Ballerine n’a pas été un choix facile pour Paul mais il savait qu’elle méritait les plus belles pistes. « À mon niveau, j’avais du mal à avoir accès à de chouettes concours », explique-t-il. La décision se prend lors du CSI 3* de Cabourg. « On a parlé de Ballerine avec Bosty et je lui ai proposé de l’essayer en disant qu’elle était faite pour lui. Le mardi, je l’ai emmenée, elle est restée là-bas », raconte-t-il avec fierté. Aujourd’hui, « On est toujours en contact et je suis fier de les voir en piste ensemble », conclut-il.

Le double B : le duo électrique !

Dès son arrivée, elle n’a pas essayé de se faire discrète ! « J’ai tellement voulu la comparer à Sydney qu’à l’essai, je l’ai mise en filet simple. Au bout de dix minutes, je me suis rendu compte qu’elle avait énormément de force. Elle m’emmenait ! » se remémore Bosty.

Si des similitudes entre Sydney et Ballerine sautaient aux yeux : la couleur, l’origine. Elle trace son propre chemin. Puis à un moment, « Je me suis dit qu’elle pourrait peut-être être meilleure que Sydney… même si c’est compliqué à dire quand on parle d’une championne olympique. » Ballerine a peut-être plus de moyens, mais elle est aussi plus exigeante à monter. « Elle est assez raide, ça peut nous jouer des tours, ça vient de ses origines maternelles. » Pourtant au quotidien, c’est une jument si pratique nous explique son cavalier. « C’est la blonde de l’écurie », en rigole Bosty. Elle aime voyager, prendre l’avion, elle est solide physiquement et peut être montée sur herbe, sable avec ou sans fers. À cheval, elle sait déjà beaucoup de choses. « Elle a cette envie d’aller vite, d’aller au feu. C’est une qualité énorme, mais il faut la canaliser. » dit-il avant de reprendre. « Je suis toujours content de la monter. Si je suis sans-faute, je suis classé parce qu’elle est naturellement rapide. » Ballerine est ce type de cheval précieux à avoir dans son écurie pour concourir sur 1,50-1,60 m : fiable, rapide, polyvalente.

Ici, à Paris, « elle aime les indoors. Elle est chaude, mais pas hystérique. Les murs, ça la concentre, ça la freine » s’amuse le francilien. La jument ira ensuite courir à Bâle à l’occasion de la Coupe du Monde ainsi qu’à Hong Kong. Si on demande où en est la jument de 14 ans sa carrière sportive, son cavalier nous dira qu’il lui reste environ un ou deux ans à ce niveau avant de changer de rôle. « Je pense qu’elle restera poulinière à mes côtés. Elle a le mérite, avec tout ce qu’elle a fait. » conclut-il. Pour l’heure, elle s’élancera dans le Grand Prix 3* du Salon du Cheval de Paris à 14h30 !

Sur place, Léa Tchilinguirian. Photos : Jessica Rodrigues.