Championnat SHF Cycle Classique 4 ans entiers : des chevaux sous le capot !

Xavier Boudon 8 septembre 2025

Il a été l’une des révélations du Championnat des Etalons Selle Français de 3 ans et confirme les espoirs placés en lui. Lamborghini de Riverland a dominé ce championnat grâce à sa note de présentation, la plus élevée de ce lot de 29 sujets mâles. Derrière lui, deux autres sires obtiennent également la mention Elite, le Breton Lamm de Kerangre et le Normand Lupin d’Auville.

Lamborghini Riverland, sur les chapeaux de roue !

Deuxième de l’épreuve qualificative pour étalons Selle Français 2 ans à Saint-Lô voici deux saisons, le musculeux alezan fut approuvé lors du Championnat de France la même année dans lequel il se classa 3ème avec l’excellente note de 18 pour le saut en liberté et le galop. Confirmé lors du testage SF en décembre 2024, il fit forte impression lors du Masters des Etalons de 4 ans du Salon des étalons de St Lô en février dernier. Confié au jeune et talentueux Leo Thomazo, Lamborghini Riverland a enchaîné deux parcours sans faute sur les pistes du Grand Parquet, crédité de 17 et 17,75 en notes de présentation…il a été tout simplement au-dessus du lot ! « On espère toujours, c’est un peu pour ça qu’on se lève tous les matins » dit son naisseur Mickaël Varliaud. « Nous sommes très contents. Le cheval avait montré de bonnes choses à deux ans. Il avait fait un testage où il avait été un peu effacé, plus normal dans l’attitude. Il avait besoin de répéter ses gammes. Mais j’ai toujours été convaincu que c’était un super cheval. » Intégré au catalogue France Etalons, le fils de Catoki a déjà honoré une soixantaine de juments. « C’est la souche maternelle du Château. Sa mère Dauphine du Château, fille de Calvaro, produit bien. Les femelles ont été mises à la reproduction. Pour l’instant, c’est son meilleur produit. » Actionnaire à part égale avec France Etalons (50/50), le Charentais utilise son protégé sur ses propres juments, et a hâte de constater le résultat l’an prochain. « Il a sailli un peu en 2024. Vendre nos étalons, même si nous sommes étalonniers, fait partie de notre diversification. Nous sommes une grosse entreprise et nous sommes obligés de vendre, comme c’est le cas par exemple avec Itoki de Riverland, cette fois avec le GFE. Cela permet aussi d’assembler les compétences et les connaissances. » Objectif : la finale des 5 ans 2025 !

Lamm de Kerangre, le Morbihanais

Malgré son prénom, le puissant bai n’a aucun lien avec un autre Lamm célèbre et lui aussi étalon. Non, Lamm de Kerangre est un fils de Von Chacco Ixe, réunissant les sangs de l’international Chacco-Blue et du pilier de l’élevage ardennais, Nidor Platière. Un mélange habile imaginé par le regretté Jean Lefebvre. Côté souche maternelle, nous retrouvons l’ancien partenaire de Dirk Demeersman, Cicero Z van Paemel, dont la fille Carrera de Kerangre Z fut finaliste à 6 ans (ISO 135). Cette dernière est d’ailleurs le seul produit de Flo de Kerangre (Gold de Becourt, sf), l’un des quatre produits que Kay des Brumes a offert à la famille Aubin. Pourquoi avoir acquis cette lignée ? Tout simplement parce qu’ils s’agit de celle de Gamine, ds (Jus de Pomme, ds), à l’origine de la plupart des grands gagnants de la famille Blin-Lebreton à l’affixe « du Rozel ». A la tête d’un poney-club et d’un petit élevage situés à Erdeven, Laurent Aubin savoure ce premier succès. « Lamm est l’un de nos premiers produits » dit-il, « il est destiné à faire perdurer l’élevage en devenant étalon. » Débuté par Aodren Corona en mars dernier (deux sans faute à la clé), Lamm a ensuite rejoint le piquet d’Antoine Charpentier. Ensemble ils ont remporté le CIR de Lamballe. « Quand il entre en piste, il se met en mode concours et il ne peut pas nous arriver grand chose » admet son cavalier. « C’est un cheval très rapide dans on exécution, avec une super technique, de l’influx et une grande galopade. Il est encore un peu fougueux peut-être mais ça va venir avec l’âge. Quand on canalisera son énergie et qu’il s’en servira à bon escient, je pense qu’il sera encore meilleur. » Pas sûr que le grand bai reste longtemps sous sa selle car son naisseur souhaite le commercialiser. « Nous l’avons fait prélever pour le proposer à la monte » précise Laurent Aubin. « Je tiens à remercier mon père avec qui je l’ai fait naître, Aodren Corona qui l’a débourré, ainsi que Bruno Rocuet pour nous avoir accompagné cette saison. » Ce résultat conforte le Breton dans ses choix, d’autant que la mère de Lamm, Carrera de Kerangre Z, vient d’être acquise par Nina Mallevaey. « Pendant la saison, elle a été repérée au CSI5* de Dinard dans l’épreuve des 7 ans. C’est une très bonne chose pour notre tout petit élevage, car en réalité, ce sont les deux seuls produits que nous avons. Nous avons réussi à faire un transfert d’embryon avec Vagabond de la Pomme cette saison, et d’autres sont en cours grâce à son ancien cavalier Simon Le Vot. » De quoi peut-être revenir à Fontainebleau d’ici quatre ans… !

Lupin d’Auville sur la lune

Seul représentant normand de cette génération des 4 ans, Lupin n’a pas volé sa 3e place et son label Elite. Fils du très recherché Eldorado van de Zeshoek (issu du croisement entre Toulon et la célèbre Bijou Orai, mère de l’olympique Dorai d’Aiguilly), et d’une mère par Candy de Nantuel, l’une des stars de cette Grande Semaine 2025, le bai affiche une génétique sans faille. Né chez Thierry Leservoisier, naisseur également de sa grand-mère, Lupin descend en réalité de l’une des grandes familles du stud-book Selle Français, celle de Gerbe d’Or, sf (Starter, sf), chère à Albert Lebrun et à la base d’une pléiade de grands gagnants internationaux comme Ideo du Thot, La Luna du Thot, Osyris, les étalons Elf d’Or, Okavango Semilly, Kingly du Reverdy, Ravage de Mars ou encore Fast de Denat. Monté cette saison par Manon Geismar Bonnemains avec qui il a signé un double sans faute au CIR du Lion d’Angers, Lupin est né dans le triangle d’or manchois. « J’ai longtemps été éleveur de vaches laitières et il y a 5-6 ans, j’ai décidé d’arrêter et me remettre dans les chevaux » explique Thierry Leservoisier. Vainqueur du Championnat des 5 ans 1991 avec Utile d’Espoir, il fut cavalier professionnel durant quinze ans avant de raccrocher les bottes. « J’ai remis la culotte et sorti la selle du grenier » dit-il en riant. « Je monte mon propre cheval, il est top. C’est un cheval de famille. En fait, Lupin a vu le jour via une porteuse et elle n’avait pas de lait. On l’a donc élevé au biberon, c’est le chouchou de la maison. Monté, il est adorable. Nous avions produit sept embryons avec sa mère que nous avons vendue ensuite. » Non content de monter sur le podium avec Lupin, Thierry Leservoisier peut s’enorgueillir d’avoir eu également deux produits de cette même souche aux ventes Fences, un Stakkatol acquis foal et présenté à la vente de service, et un frère de la mère de Lupin par Chaccon LS, vendu 22000 € aux Fences Elite. « C’est une souche dont il y a peu de femelles. J’ai la chance d’avoir eu deux pouliches en 2023 par Untouchable 27 et Bamako de Muze. » A la tête de 90 chevaux et 80 hectares, Thierry Leservoisier se satisfait de regarder son cheval performer. « L’équitation a évolué. Chaque âge a son rôle à jouer. Le cheval ayant un peu de caractère, Manon a préféré qu’on le garde chez nous, ce qui explique pourquoi je l’ai monté à la maison. Je ne suis pas pressé de le vendre, car je crois qu’il n’est pas comme les autres. C’est la première fois que j’en fais naître un comme lui. » Un bonheur retrouvé après tant d’années éloigné des terrains… !