Championnat SHF Cycle Classique 4 ans hongres : un Peu, beaucoup, passionnément !

Xavier Boudon 6 septembre 2025

Un Charentais, un Nivernais et un Breton, c’est le trio d’Elite de cette finale. A la faveur d’un meilleur modèle, Label du Peu s’est imposé sous la selle de Johannes Coignoux, mettant en valeur la jeune production de Candy de Nantuel. Ludique du Rondeau accroche la 2e place, aidé en cela par la meilleure note de présentation de cette catégorie (16,75), laissant à Lartiste du Tertre la 3e place.

Les Ruffécois peuvent s’enorgueillir de compter parmi eux un Champion ! Entre Poitiers et Angoulême, la famille Gaildraud élève avec un nombre réduit de poulinières. « Label est le second produit d’une jument née à l’élevage, Valine du Peu, issue elle-même d’une sœur utérine d’Apache d’Adriers que nous avions achetée à Henry Brugier » explique Valérie Gaildraud. « Nous sommes des éleveurs passionnés. Quand je suis tombée enceinte, et que ma jument ne pouvait plus sortir en concours, je me suis dit ‘pourquoi ne pas la faire pouliner’. Nous l’avons remplie, et on s’est dit que son poulain allait s’ennuyer, alors nous avons acheté une deuxième poulinière et voilà ». Il y a quatre ans, leur fils Antoine Gaildraud, cavalier professionnel désormais en Normandie, avait déjà monté le frère utérin de Label, First du Peu (Quatro de Riverland, sf) dans la finale des 6 ans. Eleveurs depuis une vingtaine d’années, les Gaildraud vivent donc là une véritable consécration. « C’est la première fois que nous avons un champion dans les finales SHF » indique Valérie. Vendu à 3 ans à Pascal Crespel, « qui cherchait un cheval à valoriser et éventuellement commercialiser », Label offre au couple l’occasion de vivre la Grande Semaine de Fontainebleau différemment. « Nous sommes des inconditionnels de Fontainebleau, malheureusement nous n’avons pas pu voir son premier parcours, donc nous nous sommes dits qu’on devait absolument être là. C’est un rêve qui se réalise ! ». Issu d’une lignée maternelle Selle Français Originel, Label du Peu est le fils de l’étalon-star du GFE, Candy de Nantuel. «  Nous aimions bien cet étalon et nous connaissions bien ses naisseurs originaires de Tours, la famille Deuquet. D’ailleurs, nous lui avons remis Valine cette année. Label est très gentil, souple, avec un excellent mental. C’est indispensable car nous sommes un petit élevage familial » insiste-t-elle. Avec un à quatre poulains par an, Valérie et Jean-Michel peuvent savourer les fruits du travail accompli et espérer de futurs succès sur les pistes SHF.

Ludique du Rondeau, la vie en Blue

Une fois n’est pas coutume, direction le sud-ouest de la Bourgogne, et en particulier la Nièvre, pour découvrir l’élevage du Docteur Hubert Montoille. Ce Neversois a commencé l’élevage dans les années 2000 avec notamment la grand-mère de Ludique, Madarco de Cigogne, une fille du chef de race BWP Darco. Celle-ci lui donna huit produits dont six furent indicés, notamment Vitehaut du Rondeau, par l’autre chef de race, Selle Français cette fois-ci, Diamant de Semilly. Son premier produit, Gap Zane du Rondeau, sf (Canturo, holst) participa à la finale SHF à 5 ans. Ludique est son troisième produit par la star montante de Paul Schockemöhle, Chacoon Blue, meckl (Chacco-Blue, meckl). D’ailleurs, Vitehaut a donné naissance cette année à son propre frère. « Nous travaillons ensemble depuis plusieurs années » explique Charles Aubri Chavet, le cavalier de Ludique. « D’habitude, Monsieur Montoille vend à 3 ans mais ce cheval valait vraiment le coup donc il a décidé de l’exploiter. Nous avons reçu beaucoup d’offres pendant la finale, mais nous aimerions le vieillir un peu et l’emmener au moins jusqu’à 6 ans. » Outre sa génétique de premier plan, Ludique du Rondeau possède de quoi séduire de nombreux clients. « C’est le cheval le plus respectueux que j’ai pu monter. Même quand la météo est capricieuse, il répond présent. Il possède une belle classe de galop et de gros moyens, avec une bonne visite. » Très sollicité par les marchands, Charles Aubri Chavet a vu son piquet diminuer à vue d’oeil à l’approche de la Grande Semaine. « J’ai commencé la saison avec trente jeunes chevaux de 4 à 7 ans. Au CIR de Cluny, j’en montais dix-huit et beaucoup ont été vendus là-bas. Deux autres ont été vendus avant la finale. Je me suis retrouvé avec seulement cinq chevaux ici…et parmi eux, il y en a presque trois de vendus. » Situé dans une région dynamique, Charles Aubri Chavet connaît un succès mérité. « J’ai trois types de clients. Beaucoup me confient des chevaux qu’ils achètent poulain et qu’ils récupèrent après les 6 ans. J’ai aussi des investisseurs qui achètent pour revendre. Et j’ai également des éleveurs qui me confient des juments pour bien les indicer avant de les mettre à l’élevage. » Sensible aux origines des chevaux qui lui sont confiés, le cavalier apprécie les qualités de la production de Chacoon Blue. « Ludique possède une souche maternelle solide avec Chacoon Blue x Diamant de Semilly x Darco x If de Merzé. Les Chacoon Blue sont tous respectueux avec un bon coup de garrot et beaucoup de sang. Je pense qu’il faut lui adresser des juments au caractère assez malléable car Ludique est très qualiteux mais il faut le vouvoyer. » Pour lui, les hongres, comme les femelles et les mâles, méritent d’être valorisés. « Je les monte dans le même état d’esprit. Aujourd’hui, tous mes propriétaires assurent leurs chevaux en cas de pépin. Quand la visite est bonne, on ne prend pas beaucoup de risques. Avec Ludique, avec ses gros moyens, ce serait bien de l’emmener jusqu’à 6 ou 7 ans. J’espère trouver un arrangement avec son propriétaire afin de réduire ses frais et le conserver sous ma selle. Il est très passionné, et je pense qu’il aimera suivre son cheval. »

Lartiste du Tertre, une souche en or

La Bretagne s’offre – encore ! – un podium lors de ces finales SHF. Cette fois, c’est grâce à Alain Bourdon, cavalier bien connu installé à Fougères, en Ille-et-Vilaine. Une histoire d’amitié, de fidélité qui l’a amené à choisir ce croisement inédit entre Deuxcatsix d’Eglefin et Ideal de Prissey. « J’ai monté la mère de Lartiste » raconte Alain, « je l’avais achetée pour la souche de Bruno Chassaing, de l’élevage Massuère. Je l’ai mise assez rapidement à la reproduction. Elle m’a donné une ‘I’, Idylle du Tertre, sf (Alicante, holst), une bonne jument de concours que j’ai confiée à une cavalière militaire, Chloé Hardy. Puis Lartiste qui nous ravit et m’appartient toujours. J’aimais beaucoup Deuxcatsix mais je ne savais pas comment il produisait. La mère de Lartiste est une grande jument, Lartiste toise 1,70m. J’avais mis Doubleclear du Tertre, sf (Jarnac, sf), une petite jument, qui produit plutôt des petits chevaux, et elle m’a fait un grand cheval. J’avais vu Deuxcatsix en concours, j’aimais beaucoup le croisement et il appartenait à Marie Pellegrin qui m’avait acheté un cheval. Comme j’aime rendre la pareille, j’ai voulu faire travailler Marie. » Bien que focalisé sur son métier d’enseignant et de coach, Alain Bourdon continue d’élever chaque année cinq poulains. « Parfois j’en ai six ou sept, parfois moins comme depuis deux ans. J’essaie de changer de lignée régulièrement selon mes coups de coeur. Cette année, j’ai utilisé la souche de Queen Eire Occitane, sf (Coolcorran Cool Diamond, ish), créée par Hubert Terris. Je monte son fils Hard’Rock Queen HJD, sf (Lauterbach, old) qui devrait faire du beau sport l’an prochain. J’ai aussi monté cette saison Jolly Rock Queen HJD, sf (Untouchable 27, kwpn), une très bonne 6 ans qui n’a pas eu de chance cette semaine dans sa finale. Et sa propre sœur de 5 ans Komete Rock Queen HJD participe à la finale. » Il s’agit en réalité de la souche de Son Altesse, ds (Vas Y Donc, ds) bien connue des amateurs de génétique française. « En fait, c’est l’une de mes clientes qui avait une jument de concours et elle a décidé de lui faire faire des poulains…et ce sont tous des cracks donc elle me les confie. » Le Breton a néanmoins préféré confier les rênes de Lartiste à son nouveau cavalier Pablo Goutière. En l’espace de quelques mois, ce dernier a visiblement conquis son aîné au point qu’il compte bien le garder pour de nombreuses saisons.