CIR Saint-Lô 2025 : oh les filles !

Le public (clairsemé) a assisté à un triplé des juments lors du traditionnel Concours Interrégional de Saint-Lô. Sur neuf places sur les podiums des 4/5/6 ans, huit (!) sont revenues à d’excellentes représentantes du stud-book Selle Français. Seul Karaganda Semilly parvient à briser cette hégémonie en arrachant la 2e place des 5 ans.
Les quelques 330 jeunes chevaux âgés de 4 à 6 ans, tous sexes confondus, ont eu un peu de chance avec la météo bien normande, alternant nuages, averses et éclaircies. Face au grand nombre de participants, deux pistes ont été nécessaires afin de permettre à tous de sauter dans de bonnes conditions et à des horaires décents. Un choix judicieux, d’autant que tous ont pu au moins une fois sauter sur la piste Uriel, dont l’aménagement a été finalisé avec tribunes et surtout orangerie où il est possible de déjeuner tout en regardant l’épreuve.
Côté génétique, il est intéressant de noter que parmi les double sans faute, tous âges confondus, les produits de Mylord Carthago, sf (Carthago, holst) se distinguent nettement (8, dont le 2e des 5 ans, Karaganda Semilly), devant Qlassic Bois Margot et Candy de Nantuel, ex aequo avec chacun 5 produits (notamment la bonne Jonquille Tame, 3e des 6 ans).
4 ans : Louloune du Hans au modèle
Les 4 ans ont ouvert le bal mardi. Après près de vingt ans à Auvers chez Alain Hinard, ils intégraient le programme du Normandie Horse Show pour la première fois. Premier constat : 44 % de baisse d’engagés (93 cette année, contre 166 en 2024). Le changement de date (fin juillet contre fin juin) a très certainement joué, les éleveurs, propriétaires et cavaliers préférant remettre la plupart de leurs chevaux au pré afin de les laisser profiter de l’herbe et terminer gentiment leur croissance. « Il y a sans doute cela qui a joué » admet Yann Adam, directeur du Pôle Hippique de Saint-Lô. « Les grosses maisons manchoises mettent leurs 4 ans au pré dès qu’ils le peuvent. Le CIR d’Auvers n’existant plus, ils ont anticipé et mis au prés mi-juin. Visiblement, il n’y a pas eu de report sur les autres CIR. Nous avons sans doute vu les 4 ans qui iront à la Grande Semaine. Peut-être que les cavaliers ont également préféré ne pas avoir trop de chevaux qui sautaient en même temps sur deux pistes dans les 4/5/6 ans. 900 parcours en 3 jours, c’était parfait niveau timing, avec soixante 4 ans en plus, ça aurait été compliqué. Nous sommes très heureux que la SHF ait mis fin à cette exception normande de ne pas avoir les trois générations sur un même CIR. »
Juments et mâles se partagent la grande majorité des partants (seuls trois hongres s’étaient égarés, dont le bon Lyautey de la Vande – un fils de Fahrenheit de Vains -, 7e avec Amélie Lebrisollier Spilmann). C’est d’ailleurs cette dernière qui impose Louloune du Hans, sf (Armitages Boy, old), championne 2025 grâce à sa note de modèle (16,1) qui lui permet de devancer ses poursuivants tous au même rang du Top 100 SHF (pris en compte dans le calcul du CIR). Lilou de l’Abbaye, sf (Ekano DKS, sf) termine 2e avec Dylan Boulineau, devant Lolita du Trio, sf (Untouchable M, kwpn), 3e sous la selle de Sébastien Tencé.
La réaction d’Amélie Lebrisollier Spilmann, cavalière de Louloune du Hans
« Louloune a commencé sa saison par des tours de formation, puis elle a abordé les épreuves qualificatives où elle a enchaîné dix parcours sans faute sur dix avant le CIR. Elle a été bien noté au modèle et nous voici champions. Dans notre système d’écurie, nous cherchons plutôt des 3 ans. C’est le cas de Louloune que nous avons achetée l’an dernier. Elle était déjà avancée dans le débourrage, mais j’ai repris les bases. Ma priorité, c’est de leur apprendre leur métier. Nous trouvons les chevaux par notre réseau, comme elle par exemple que nous avons dénichée chez Fabien Marie, de l’élevage de St Jean, un éleveur pour qui je monte également. Elle possède beaucoup de moyens, c’est une très grande jument avec beaucoup de sang, et très respectueuse. Quand on a tout ça, c’est beaucoup plus simple ! Elle déborde d’énergie. Certes, elle a une technique atypique, mais quand ils ne veulent pas toucher…ce n’est pas un problème ! Evidemment, j’ai envie d’aller à la finale. Mais celle-ci se passera sur herbe et je n’ai jamais sauté sur herbe avec elle. Je vais discuter avec les propriétaires pour savoir ce qu’on fait. Sans eux, je ne serais pas là ! Elle appartient notamment à ma maman Claudine, c’est son coup de cœur, alors peut-être qu’on fera un effort. »
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5 ans : Kimberley, tout droit venue de Los Angeles
Le championnat régional de cette génération se terminait également mardi après-midi, mais cette fois, sur la seconde piste nommée Le Tot de Semilly. Après un bon départ lundi, Katcinq d’Eglefin, sf (Deuxcatsix d’Eglefin, sf), Kelldream de Baussy, sf (Dream de Baussy, sf), Kandice du Rouet, sf (Candy de Nantuel, sf), ou encore Kannan du Gué, sf (Kannan, kwpn) ont loupé le coche en fautant lors de la seconde étape. 38 sujets ont néanmoins réussi le double sans faute, départagés comme il se doit par leur classement au Top 100 SHF et leur note au modèle. A ce jeu, c’est l’alezane Kimberley de la Cense qui s’impose sous la conduite de Grégoire Hercelin, omniprésent lors de ce CIR normand. Bien que portant l’affixe de Jacky Misteli, celle-ci n’est pas née chez ce dernier mais à la SCEA du Noron, dans la Manche. Son père Los Angeles de la Cense (Los Angeles x Lancer II), globalement inconnu, est inscrit au Westphalien et évolue désormais en Amérique du Nord sous la selle d’Adrienne Sternlicht après avoir été débuté par son compatriote Kendrick von Hofe. La mère de Kimberley, Vodka de la Cense, est une fille de Djalisco du Guet et a déjà 5 produits indicés sur 5 en âge de l’être, en plus d’être la sœur utérine de l’international Blue Boy de la Cense. Sa grand-mère n’est autre qu’Infante des Chênes, sf (Papillon Rouge, sf), ISO 158. Kimberley devance ainsi le seul étalon de ces podiums régionaux, Karaganda Semilly, sf (Mylord Carthago, sf), 2e devant Karat des As, sf (Balou du Rouet, old), associé à Ludovic Simioni.
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6 ans : Jinja Mouche vole vers le titre.. ?
Vice-Championne SHF à 5 ans en septembre dernier, labellisée Elite, l’élégante Jinja Mouche semble avoir passé le cap. Sa victoire mercredi dans le CIR 6 ans, avec deux secondes d’avance dans l’épreuve au chronomètre, laisse présager une belle finale bellifontaine. Fille de Dollar du Rouet, née chez les Bellet dans la Manche, elle est la sœur utérine de Gadget Mouche, sf (Andiamo Semilly, sf), finaliste à 6 ans puis exporté fin d’année de 7 ans en Belgique, acquis par la famille Philippaerts (il termine 9e du Grand Prix CSI2* de Valkenswaard le 13 juillet dernier). Elle est également la propre sœur d’Ice Tea Mouche, ISO 130, auteur d’une bonne saison de 7 ans cette année avec Julien Lavarec. La petite bai bat d’une seconde Jasette de Blondel, une fille du trop rare Diego de Blondel, sf (Vigo Cécé, sf) sur la souche d’Olympic Champeix, sf (Vondéen, sf), son arrière-grand-mère, mère notamment de Snaike de Blondel, sf (Calvaro, holst), le père de la championne d’Europe Dynamix de Belhême, et de Santiago de Blondel (CSI4*, ISO 164). D’un modèle perfectible (clairement pas hérité de son père), elle a montré néanmoins un excellent mental, beaucoup de force et une envie de bien faire qui font d’elle une jument à suivre sous la selle de Vincent Hervagault. Jonquille Tame, sf (Qlassic Bois Margot, sf) complète ce podium (CIR et 6 ans chrono étant identiques), conduite par Armand Mallet. C’est une fille de l’internationale Farah Tame, sf (Quadrio Tame, sf), ISO 162, CSI5* avec Julien Anquetin, descendante de la célèbre Gemini, jument base de la famille Brohier et mère des étalons Narcos II, Mazarin V, Quat’Sous et Vercors IV.
La réaction de Grégoire Hercelin, cavalier des champions des 5 et 6 ans
« Nous nous sommes donnés beaucoup de mal cette année pour donner des bases solides à nos jeunes chevaux. C’est vraiment grâce une équipe, en premier lieu à la Team VDW qui a mis l’écurie en place, la famille Philippaerts pour l’achat des chevaux, le staff et la famille. Cela inclut le travail sur le plat, la franchise, les balades, le moral, la santé. Jinja est un peu plus maniable que l’an dernier, plus réactive. Elle sautait déjà très bien. Les bases changent tout, ça permet de jouer le chrono comme lors de ce CIR. Jinja appartient toujours pour moitié aux Philippaerts, et pour moitié aux naisseurs, la famille Bellet. Elle possède un gros potentiel génétique donc elle fait un peu de transfert d’embryons en parallèle. Kimberley appartient à mon coach Frédéric David, et Eric Leclerc du Haras de Reverdy. Elle a été achetée dans un objectif commercial. Elle a évolué en concours complet l’an passé avec Thomas Carlile. D’ailleurs, il a bien avancé le travail sur le plat. La jument se prêtait à cette discipline. Quand un cheval a un bon équilibre et une bonne bouche, c’est plus simple. J’irai à Fontainebleau avec cette jument et sept 6 ans, et j’essaierai de faire aussi bien qu’en 2024, ce qui serait déjà bien ! L’important est qu’ils sautent bien et qu’ils le fassent sans que ça leur coûte pour le futur ».
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