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L’Expérience

Edward Lévy : « Broadway n’est pas un cheval classique »

Béatrice Fletcher 23 avril 2023

De retour sous la selle d’Edward Lévy depuis deux mois et demi, Broadway de Mormoulin (Kannan, KWPN) a été sacré champion de France Pro Elite ce dimanche à Fontainebleau.

Quel est votre sentiment après ce titre de champion de France ?

Je suis très heureux. Ce n’est pas mon premier titre mais les autres datent un peu (champion de France Jeunes Cavaliers en 2013, ndlr). Je suis particulièrement content car aujourd’hui ce championnat est redevenu un grand week-end de sport grâce au staff fédéral et à Sylvie Robert, et il fait à nouveau partie des grands moments de notre saison.

Vous avez retrouvé Broadway de Mormoulin en janvier. Comment se sont passées les retrouvailles ?

Je le montais voilà deux ans, pendant un peu plus d’une saison. Il était destiné à la commercialisation. Or plus un cheval est classique, plus il est simple à commercialiser. Ce n’est pas vraiment le cas de Broadway, qui est extrêmement talentueux, généreux, sensible, mais qui a ses propres codes. Après quelques mois, le propriétaire Stéphane Saunier, de l’élevage de Soie (61), qui a plusieurs chevaux de haut niveau, m’a rappelé en me demandant si cela m’intéressait de refaire équipe avec Broadway. J’ai immédiatement dit oui car c’est un cheval qui me tient à cœur. Il a rejoint les écuries il deux mois et demi. J’ai fait un peu comme s’il n’était jamais parti, j’ai remis la même embouchure et appliqué le même programme sans me demander s’il avait vu ou appris autre chose entre temps, à savoir notamment ne jamais sauter haut à la maison. Il n’a besoin que de confiance, il faut tout miser sur son talent, ne jamais lui faire croire qu’il ne va pas y arriver. En deux parcours, nous avons retrouvé notre confiance mutuelle. Parmi ses codes, je pourrais citer le fait qu’au paddock, je saute trois trous de moins que les cotes de l’épreuve, ou en tout cas 1,40 mètre au maximum. S’il fait un effort, il risque de se demander si le tour va être difficile ou pas. S’il rentre en piste avec le sentiment que ce sera facile, il peut tout donner.

Quelles sont ses qualités spécifiques ?

La première est son respect de la barre. On n’a peur ni de la hauteur des obstacles, ni d’une faute d’inattention. Il est particulièrement attentif, parfois un peu trop. Il est également très léger quand il quitte le sol, il a un vrai bon coup de jarret. Il fait partie des super chevaux de concours. En plus, ce week-end les planètes étaient alignées, le cheval a montré toutes ses qualités, et je ne l’ai pas trop mal monté !

Est-il toujours commercialisable ?

Oui tout à fait. C’est le principe de l’équilibre que nous avons tous à mettre en place dans nos structures. J’essaie juste de me dire que tant que les chevaux sont dans nos écuries, il faut donner le maximum pour le sport, et s’ils sont commercialisés, il faut avoir confiance dans notre système et dans notre recrutement de jeunes chevaux.

Quel est le programme de Broadway dans les semaines à venir ?

Broadway va se reposer un peu. C’est un cheval extrêmement généreux, qui donne beaucoup, je vais le laisser tranquille un moment. Je pars deux semaines à Grimaud avant de courir Madrid et sans doute quelques concours en équipe de France (la FFE propose au champion de France Pro Elite une sélection pour le CSIO de La Baule et le CSI5* à Equita Lyon, ndlr). Sa carrière de reproducteur est gérée par son propriétaire.

Pour consulter les résultats complets du championnat de France Pro Elite, cliquez ici.

Photo : Jean-Louis Perrier.