Elevage du Rouet : « Le risque est de se renfermer sur soi-même »

Xavier Boudon 22 décembre 2025

Placé sous les feux des projecteurs lors de sa vente aux enchères organisée mardi 16 décembre, l’élevage du Rouet a montré un nouveau visage. Impensable voici quelques années, l’idée de diffuser la précieuse génétique « made in Rouet » a fait son chemin. Un choix stratégique et réfléchi que nous explique Yannick Fardin.

Pourquoi avoir choisi d’organiser un tel événement chez vous ?

Organiser cette vente chez nous, montrer nos installations, et faire savoir que nous pouvions commercialiser des chevaux à la maison alors que beaucoup disaient que nous avions du mal à vendre, oui ça fait plaisir.

Pourquoi dîtes-vous que les gens racontaient que vous ne vendiez pas ?

Pendant longtemps, j’ai voulu garder la souche. C’est pour cette raison que nous avons proposé beaucoup de femelles, à des prix abordables. Tout le monde a apprécié, et tout le monde a pu travailler. Nous avons présenté une qualité de chevaux exceptionnelle. Ce fut une très belle journée pour ma famille, mon fils Pierre, ma femme Sandrine qui travaille dans l’ombre et qui m’aide beaucoup notamment à la décoration (elle était fleuriste, ndlr).

Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre La Tour du Rouet dans la vente ?

Pour montrer que tout est accessible chez nous. Souvent, on nous dit ‘vous gardez les bons chevaux’. Mais non ! Tout est achetable. C’était un plaisir de le proposer comme tête d’affiche et satisfaire tout le monde. Je vais continuer à le suivre, d’autant que je suis membre du bureau du GFE qui l’a acheté. Pour moi, c’était l’acheteur rêvé. Ils emmènent les chevaux au plus haut niveau et leur permettent de saillir.

Avec soixante lots proposés, vous en reste-t-il encore ?

Oh oui, nous faisons naître 50 à 60 poulains par an. Nous avons pioché dans toutes les générations.

Votre souche historique est très présente dans votre élevage, n’est-ce pas difficile de se renouveler ?

Il y a toujours des étalons dont nous avons envie. Nous commencions à en avoir beaucoup à la maison. C’est bien pour l’élevage et commercialement. Mais à un moment, le risque est de se refermer sur nous mêmes. Les avoir vendu va nous aider à nous renouveler, et trouver de très bons étalons.

Cela vous arrive d’acheter de la génétique extérieure ?

Oui, comme l’ont montré certaines juments du catalogue et issues d’autres élevages, dont j’ai déjà des descendantes (les souches de Bourrée et Banda de Hus notamment, ndlr).

Arnaud Evain, représentant l’agence Fences, parle de partenariat gagnant-gagnant, êtes-vous d’accord avec cette idée ?

Oui, j’étais ravi de travaille avec Fences. L’agence nous apporte son savoir-faire. Mais c’était intéressant pour nous de bénéficier de l’image Fences, aujourd’hui une référence dans les enchères de chevaux de sport, tout autant que Fences a pu valoriser son association à un affixe reconnu.

On sent un vrai vent de renouveau au sein de votre élevage. A quoi cela est dû ?

D’abord, il y a mon fils Pierre qui nous motive. Aujourd’hui, on s’aperçoit que la communication est très importante, et je tiens à remercier Eugénie Perrin qui s’est occupée des photos et vidéos et qui réalise un travail formidable. Nous ne sommes pas allés à l’économie. Nous avons pris des équipes techniques fantastiques. Pour réussir ce type de vente, il faut être bien accompagné. Tout était bien géré. Je tire mon chapeau surtout à mon fils et mon équipe qui pendant deux mois ont travaillé pour préparer les chevaux. C’est un peu le début de la transmission. En plus, Pierre a le sens de la communication et du commerce, et il parle anglais contrairement à moi !