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Eric Lamaze aurait-il menti sur toute la ligne ?

Sylvia Flahaut 8 septembre 2023

Cette semaine, le site d’informations néerlandais horses.nl a publié un article selon lequel Eric Lamaze aurait menti sur son état de santé, et aurait, devant le tribunal, présenté des documents falsifiés concernant sa tumeur cérébrale et ses traitements. Un moyen qui aurait permis de reporter un procès dans lequel il est accusé d’escroquerie, dans le cadre de la vente de chevaux.

Comment est-ce possible ? Jeudi, horses.nl a livré un récit ahurissant, révélant que le champion olympique Eric Lamaze aurait tout simplement menti sur son état de santé pour échapper à la justice. Lui en qui beaucoup voyaient un véritable guerrier, faisant face avec dignité à la maladie, pourrait ne pas avoir été atteint du mal dont il parlait, et dont d’autres n’ont pas manqué de se faire l’écho également.

Le site néerlandais, dont les journalistes sont sans doute bien conscients de la surprise que peut susciter une telle nouvelle, commence par indiquer avoir reçu une information d’une source fiable, il y a environ six mois, selon laquelle le cavalier canadien Eric Lamaze était empêtré dans des problèmes d’ordre juridique. Et, dans ce cadre, les déclarations de différentes parties auraient fait entendre que la tumeur cérébrale, dont aurait été victime Lamaze ces dernières années, serait en fait inexistante. Un juge de l’Ontario, tribunal où a comparu Eric Lamaze, l’aurait ainsi déclaré coupable de falsification de documents dans le but d’induire la justice en erreur.

Un premier procès autour de la vente de chevaux

En 2010, un premier procès se tient, où il est reproché au Canadien d’avoir commercialisé des chevaux qui n’avaient pas les qualités évoquées préalablement, lors de la transaction. Treize ans plus tard, tandis qu’Eric Lamaze a toujours nié les allégations lui étant reprochées par Karina Aziz-Frederiks, présumée victime, le travail de la justice n’a encore connu aucune issue. Il semblerait que cette date puisse être le point de départ de toute cette affaire, car nos confrères de horses.nl avancent que la présumée tumeur d’Eric Lamaze, ainsi que ses traitements, lui auraient en réalité servi d’excuse au report du procès d’année en année. Cela semble à peine croyable. Pourtant, horses.nl indique que le procès a pris beaucoup de retard à partir de 2016, année où Eric Lamaze aurait parlé de sa tumeur cérébrale. Avant cela, le champion olympique aurait été traité en Europe, et des documents auraient ainsi été présentés pour justifier les demandes de report d’audience. “À ce moment-là, le tribunal n’avait aucune raison de douter de la déclaration et des dossiers médicaux du cavalier et, bien sûr, a donné du temps pour enquêter davantage“, indique l’article de nos confrères.

Un détective privé engagé pour vérifier les rumeurs

Quand la nouvelle de la tumeur au cerveau est devenue publique […] personne n’en a douté et la compassion était grande“, poursuivent nos confrères. Cela paraît tout à fait impensable, car nombreux sont ceux qui ont aperçu, sur les rares compétitions auxquelles il prenait part, un cavalier amoindri au visage pâle. L’article évoque ensuite les réactions quelque peu dubitatives du monde équestre, voyant le champion olympique continuer de prendre part aux événements sportifs et même de remporter certaines compétitions. Mais qui pour douter de l’état de santé d’un cavalier, dont on pouvait finalement plutôt se réjouir du retour, voire de la guérison ? Mais certains se seraient visiblement posé plus de questions que d’autres, à l’intar notamment de la victime présumée de Lamaze, Karina Aziz-Frederiks, qui, pendant ce temps, patientait dans l’attente de son procès. Horses.nl révèle ainsi que cette dernière aurait engagé un détective privé pour vérifier les dites rumeurs. “Le détective a naturellement commencé sa recherche en Europe, à Bruxelles pour être précis, puisque Eric Lamaze avait dit qu’il y avait été traité et, en outre, les documents qu’il avait présentés aux audiences provenaient d’hôpitaux et de médecins belges “, relate Horses.nl.

Des anomalies dans les rapports médicaux

En juillet 2023, toujours dans le cadre du procès pour escroquerie, l’avocat d’Eric Lamaze aurait de nouveau déposé une demande de report auprès du tribunal, invoquant des métastases à la gorge de son client et expliquant que ce dernier ne serait sans doute jamais en mesure de parler à nouveau. Maître Danson aurait également évoqué des opérations et une chimiothérapie, avec un processus de rétablissement d’au moins un an. Mais, en proie aux doutes, l’avocat de la partie adverse aurait décortiqué les rapports médicaux, y trouvant une anomalie concernant le nom d’un médecin, ainsi qu’une erreur d’adresse. Convoqué à la barre du tribunal, le prétendu chirurgien d’Eric Lamaze aurait ainsi nié avoir envoyé le rapport et assuré ne l’avoir jamais signé.

Lamaze est gravement malade, mais ce n’est probablement pas un cancer

Tim Danson, avocat d’Eric Lamaze

L’article publié par horses.nl mentionne que l’avocat d’Eric Lamaze se serait depuis retiré de l’affaire, et n’aurait plus de contact avec son client. Maître Danson aurait fait parvenir une note début septembre indiquant que « Eric Lamaze est gravement malade, mais ce n’est probablement pas un cancer ». Suite à cela, le cavalier canadien a reçu l’injonction de verser plus de 22 000 euros avant le 29 septembre à Iron Horse Farm, la société de Karina Aziz-Frederiks, qui a engagé des fonds pour mettre en lumière cette fraude. Le site révèle que le cavalier ferait également l’objet d’autres plaintes, notamment dans des affaires de ventes de chevaux. Horses.nl conclut ainsi : “Toutes ces révélations ont jeté un éclairage complètement différent sur l’adieu au sport que Lamaze a fait en mars de cette année parce que sa santé ne le permettait plus. Il semble qu’il savait quelle tempête allait arriver et qu’il devait dire adieu au sport qui lui a tant apporté.

L’article de nos confrères de horses.nl ici

Crédit photo à la une: E. Knoll