LES VENTES ELITE DE BOIS-LE-ROI, UNE DYNAMIQUE INDÉMODABLE

Marion Vaillant 1 septembre 2025

Pour la 37ᵉ fois, les associés Fences donnent rendez-vous à l’Espace Marcel Rozier de Bois-le- Roi à la grande famille des chevaux et des valorisateurs de jeunes chevaux de sport, du 2 au 7 septembre prochains.
À quelques jours de l’événement, L’Éperon a rencontré Arnaud Evain, co-fondateur des Ventes Fences en 1988.

Quand on a un passé aussi long, on a forcément une foule d’histoires à raconter ?

Effectivement, si on met bout à bout toutes les anecdotes, il y a de quoi écrire une saga de plusieurs saisons d’une série télé.
Il y a eu des moments dramatiques comme l’incendie des écuries, des moments angoissants certains soirs d’orages ou de tempête, mais aussi et surtout énormément de moments exaltants.

En avez-vous un ou deux qui vous reviennent ?

Il y a bien sûr la vente de Jalis de Riverland, avec son bouquet de carottes, mais aussi celle de Moneymaker, avec le public debout sur les tables pour encourager les deux derniers protagonistes.
En fait, chaque année réserve son lot d’émotions, petites et grandes, et nous aurons bientôt l’occasion, pour les 40 ans de l’agence, de revenir plus précisément sur chacun de ces millésimes.

Moneymaker – PSV – Jean Morel

La recette des ventes est la même depuis 37 ans : faire sauter les chevaux en liberté devant plusieurs centaines de convives. Comment expliquez-vous qu’elle semble ne pas vieillir et fonctionne toujours ?

Ça n’a rien d’anormal : le poulet-frites et le camembert sont des recettes pluriséculaires qui marchent toujours très bien. Ce n’est pas l’originalité de la mise en scène qui fait le succès des ventes, c’est avant tout la qualité des chevaux proposés. Nous sommes extrêmement sévères et rigoureux dans la sélection et, au final, c’est ce travail qui a permis la longévité du système. Même si le spectacle est attrayant et l’ambiance conviviale propice à la décision, si la qualité des chevaux n’est pas au rendez-vous, la formule ne durera pas.

Et c’est toujours le cas chez vous ?

Ce serait trop beau ! Notre histoire est faite de « tops et de flops ». Nous avons pu nous illusionner parfois sur certains chevaux, sous-estimer certains défauts…
Il arrive aussi qu’ils ne tombent pas dans les « bonnes maisons » pour exprimer tout leur potentiel.
Globalement, avec deux Champions d’Europe et des finalistes dans tous les Jeux Olympiques et Championnats du monde depuis 2000, nous avons des motifs légitimes de satisfaction.
Certains de ces champions, comme Barbarian, ont été vendus foals et d’autres, comme Itot du Château et Quickly de Kreisker, à trois ans. Dans tous les cas, ces grands succès sont le fruit d’une suite de circonstances favorables qui commence toujours avec un produit de qualité.

Crédit : Les Garennes

Ces quelques exemples ne sont-ils pas, justement, les arbres qui cachent la forêt ?

Ces arbres sont gros, mais la forêt derrière est dense et étendue : plus de 1 000 gagnants en CSI, bon nombre de champions de leur génération en circuit jeunes chevaux, des étalons et des poulinières à succès… Les chevaux Fences sont présents sur toutes les scènes du sport et de l’élevage.

Derrière tous les succès, il y a des hommes et des femmes. En 37 ans ils ont changé, et le succès demeure. Comment l’expliquez-vous ?

Cela s’explique par le fait qu’un état d’esprit s’est créé et qu’il se transmet aux nouveaux au fur et à mesure. Nous sommes tous au service du projet Fences, en y apportant nos compétences et en laissant nos égos au vestiaire. Sylvie Carter, Brigitte Lefèvre, et aujourd’hui Jeanne Cotreuil et son équipe, ont été et sont les garantes de cet état d’esprit, qui infuse dans la collectivité des associés tout au long de l’année et dans l’équipe d’une cinquantaine de personnes qui organisent les ventes à Bois-le- Roi.
Parmi les fondateurs, il reste Bruno Souloumiac et Marcel Rozier, Éric Nègre nous a quittés il y a six ans. Son esprit a profondément marqué le socle de valeurs sur lequel Fences s’est construit. Aujourd’hui, son épouse, Adeline Wirth-Nègre, perpétue cette présence en faisant vivre son héritage au sein de l’équipe des associés.
Yves Lemaire a fêté ses 90 ans et suit les choses d’un peu plus loin, mais avec attention et affection. Bernard Lecourtois a pris sa retraite il y a 4 ans et a cédé sa place à la jeune génération. Jean Fourcart et Benjamin Ghelfi sont arrivés dans cet ordre il y a 20 et 10 ans. Benjamin est notre président. Il a vu arriver Thierry Rozier, Laurent Guillet, Emmanuel Portet et plus récemment Juan Ramos, qui portent à 10 le nombre actuel d’associés.

Crédit : Les Garennes

Tout le monde contribue de la même façon au fonctionnement ?

Non bien sûr ! Benjamin est le plus présent auprès de l’équipe de 5 permanents du bureau de Falaise et je l’assiste à sa demande.
Je serais incapable d’être présent sur la scène sportive comme le sont Laurent, Thierry, Juan ou Emmanuel, et eux peineraient à nous suivre avec Jean et Bruno dans les élevages.
Tout le monde participe à tour de rôle aux tournées de sélection des 3 ans au printemps ; les jeunes sont plus actifs pour la sélection des performers et les « anciens » pour les lots d’élevage.

Les ventes de performers, c’est une nouveauté dans l’histoire de Fences.

Vous voyez que nous ne sommes pas figés dans notre démarche ! Nous avons été pionniers en France il y a presque 10 ans avec les enchères en ligne et nous continuons à être présents sur ce créneau, mais de manière très sélective. Nous privilégions la convivialité et les ventes « présentielles ».
C’est ainsi qu’à Deauville depuis 5 ans, en partenariat avec Grand Prix, et à Fontainebleau depuis 3 ans avec GL Events, nous organisons des ventes de performers de 5 à 8 ans au cours d’un dîner de gala.

Crédit : Sarah Bedu

Et apparemment ça marche plutôt bien ?

Effectivement, le record historique des ventes établi en 2012 par L’Arc de Triomphe à 460 000 € a été battu cette année avec les 600 000 € investis par une écurie française dans l’impressionnant Celectrik D.
Les ventes de performers ont déjà leurs ambassadeurs sur la scène sportive et vont permettre d’enrichir rapidement le « Hall of Fame » des champions passés par les ventes Fences.
Elles sont également l’occasion de présenter quelques embryons et des foals sélectionnés avec soin, dans une meilleure ambiance et avec une grande transparence.

Crédit : Les Garennes – CELECTRIK D

Vous venez de parler de transparence. C’est important à vos yeux ?

C’est une des valeurs fondamentales auxquelles je tiens. Il ne faut pas avoir peur ni honte de ce que l’on est, ni de ce que l’on fait.
Si une vente marche moins bien, il ne faut pas s’en cacher et en tirer les leçons pour améliorer l’édition suivante. Si elle marche très bien, il n’y a évidemment aucune raison de ne pas s’en réjouir publiquement.
Cette transparence est également utile pour favoriser les ventes amiables de chevaux rachetés par leurs vendeurs et pour permettre des mercuriales de prix sincères à tous les acheteurs, de l’élevage comme du commerce.

Et vous avez des projets à 5 ou 10 ans ?

Plein, même si je ne suis pas certain de participer à leur mise en œuvre pour ceux qui verront le jour dans 10 ans.
Nos grandes orientations restent l’organisation d’événements en présentiel, dans un format d’un soir, plusieurs fois par an, et les Ventes Elite pendant la Grande Semaine de l’Élevage. Nous serons cette année à Barbaste, le 4 octobre, à l’occasion du Grand National, pour une vente de performers, de foals et d’embryons.
Le facteur limitant de notre développement restera le niveau d’exigence de notre sélection. Nous ne voulons proposer que des produits de qualité à des prix réalistes.