Queens & Breeders’ Auction : quel bilan ?

Xavier Boudon 4 août 2025

Pour la 6e fois consécutive, Cheval Normandie organisait sa vente dédiée à la génétique femelle en marge du Normandie Horse Show. L’ajout d’une seconde session avec également des hongres (!) et la présence de peu d’acheteurs fiables et réellement intéressés, a quelque peu atténué l’enthousiasme ambiant. Malgré tout, les organisateurs ont annoncé des chiffres plutôt positifs, avec le top price pour une excellente poulinière.

Associée à Balsan Enchères, l’association des éleveurs normands a mis les petits plats dans les grands. Le hall du Pôle Hippique de Saint-Lô ne ressemblait plus du tout à un manège, plutôt à une scène de concert. Sur scène, le duo Balsan, Madame et Monsieur, devenus en quelques années les spécialistes des ventes aux enchères de chevaux. En salle, des tables VIP, bondées le vendredi pour les Queens, plus clairsemées samedi pour les Breeders’. La tenue du CSI3* a certes permis de drainer de potentiels clients. Mais le niveau du plateau, correct mais pas celui que l’on a connu dans la Manche les années précédentes, a inquiété les promoteurs de l’événement (à raison sans aucun doute). Pourtant, le bilan encore provisoire démontre un intérêt certain pour les bonnes lignées maternelles.

« Quelques ventes sont encore en cours de négociation, donc nous communiquerons les résultats définitifs d’ici quinze jours » indique José Devaux, membre de la commission des Queens au sein de Cheval Normandie. « Nous avons atteint près de 800’000 € de chiffre d’affaires, auxquels s’ajoutent les recettes annexes. A priori, l’opération ne coûtera rien à l’association. Notre objectif depuis le début est de mettre les souches normandes en valeur grâce à un écrin haut-de-gamme. Le stud-book Selle Français est n°1 mondial, il faut donc le faire savoir et montrer que nous sommes capables de proposer des événements de ce type-là afin de faire revenir les acheteurs. Notre mission reste d’aider les éleveurs à vendre leur production. »

Sabrina, diamant de la soirée

Le vendredi était donc consacré exclusivement aux juments, avec en ouverture un embryon sexé femelle et implanté de Check In (Cordalmé Z) sur l’une des rares filles de Hello Folie (de Nantuel), Kaliente de Kreisker, sf (Black Cera DK Z). Une génétique exceptionnelle et très actuelle qui malheureusement n’a pas trouvé preneur d’après nos informations. Sept pouliches étaient également au catalogue. Le meilleur prix (25’000 €) a été consenti sur ordre pour Prety Girl de l’Aumoy, fille du médaillé européen Ermitage Kalone et d’une fille de Grass de Mars, sf (Cornet Obolensky, bwp), grande gagnante jusqu’à 1,60m avec Kent Farrington (USA), issue de la souche de Qerly Chin, bwp (Chin Chin, holst), l’une des plus prolifiques au monde, mise en valeur par le Haras des M. Quant à Pretty d’Altenbach, sf (El Barone 111 Z), le marteau est tombé à 20’000 €, adjugée en salle. Sa mère Havana de Hus Z (Heartbreaker, kwpn) n’est autre que la fille de la célèbre Carthina Z (Carthago, holst), la mère d’Emerald van’t Ruytershof, Nixon van’t Meulenhof, et bien sûr Diamanthina vh Ruytershof, mère de Gianthina van’t Ruytershof, elle-même mère de Pegase et Jilbert van’t Ruytershof.

Le top price de la soirée est intervenu finalement assez tôt, affolant le compteur et lançant définitivement la soirée : 65’000 € pour Sabrina van de Helle ! Acquise par un acheteur suisse, elle n’a jamais tourné en compétition et a déjà donné quatre produits à Mickaël Varliaud (Riverland) en 2023 et 2024. Son père Casello van de Helle (Casalito, holst x Caretino, holst) n’a pas beaucoup tourné. L’intérêt de cette belle jument noir pangaré vient de sa mère, Diamanthina v/h Ruytershof (Diamant de Semilly) dont nous avons déjà parlé. Âgée de seulement 7 ans, elle a encore de belles années devant elle et probablement d’excellents produits à venir.

Enfin, du côté des juments de 3 ans, la palme revient à Miss du Chatellier, sf (Mylord Carthago, sf) adjugée 37’000 €. Cette grande alezane au joli coup de dos ne possède pas le CV de la précédente, mais affiche malgré tout de bons gagnants à chaque génération, en saut d’obstacles comme en concours complet. Sa grand-mère Betty du Chatellier, sf (Quite Easy I, holst) a notamment produit Filou du Chatellier, sf (Aristide de Hus, sf) performant en CCI3* avec Luc Château, et deux chevaux classés sur 1,40m (Grim et Hidalgo du Chatellier).

Au total, 68,5 % des sujets présentés ont été vendus, les poulinières pour 30’000 € en moyenne (nombre faussé par Sabrina), les foals 9’667 € en moyenne, et les 3 ans 18’417 €.

Breeders’ Auction : ambiance morose

Comme si l’envie n’y était plus…c’est le sentiment de beaucoup d’observateurs face à la faible fréquentation de cette seconde soirée de vente. Alors que le concept de ne proposer que l’élite de la génétique femelle normande semblait être la clé du succès, l’intégration d’une poignée de hongres (certes qualiteux) a visiblement perturbé les acheteurs venus pour de la génétique femelle. La bonne affaire fut pour l’acquéreur de Karo de Blondel, sf (Mylord Carthago, sf), petite-fille de Phedra Ratelière, la fameuse souche d’Eliane et Michel Ruel, vendue 10’000€ pleine d’Ermitage Kalone. L’étalon approuvé Mille Pattes, sf (Conthargos, old), descendant de la souche de la famille Couétil (« de la Cour »), a trouvé preneur à 26’000 €. Le prometteur Magnum Mouche, sf (Kannan, kwpn), frère utérin de Delia Mouche, CSI 1,55m avec Simon Barthe, et issu de la même souche basse que Claptonn Mouche (CSI5* 1,60m avec Michael Duffy), est parti pour 34’000 €, meilleure enchère de la soirée.

Crédit photo à la une: Photo: Xavier Boudon