Charlotte Gandon, la force et la souplesse en prérequis

À la tête du haras de Pachavert dans l’Yonne, Charlotte Gandon a eu la joie de voir l’un de ses produits, Nosy Doll Pachavert, remporter le championnat des foals, catégorie femelles âgées, en 2023. Cette passionnée, qui a démarré son activité d’éleveur il y a une dizaine d’années, voit d’ores et déjà ses produits de distinguer sur les circuits et championnats. 

Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ? 

Pour le compte du haras du Pachavert, je fais naître en moyenne huit poulains chaque année. J’ai sept juments qui portent elles-mêmes leur poulain et je peux me prêter au transfert d’embryon avec une ou deux juments qui font du sport. Mon objectif est de produire dix foals par an. 

Avec quelles souches maternelles travaillez-vous ? 

La toute première jument dont j’ai fait l’acquisition est Urbane Tame (Verdi, KWPN x Narcos II). C’est la souche de la famille Brohier. Urbane, de la souche de Ma Pomme, DS, est arrivée au haras en 2014, et j’ai eu la chance qu’elle me donne beaucoup de femelles depuis. Sa première pouliche, Fée Nomen Pachavert (Contendro, Holst), a été indicée 143 à six ans. J’aime beaucoup les qualités que transmet Urbane : du sang, du bon tempérament, de la facilité sous la selle, de beaux tissus. À cette souche, je sais que je dois amener de l’équilibre car elle présente le côté Narcos II, fait un peu en descendant devant. Je dispose également de Falanda EB (Flipper d’Elle x Calando I, Holst), qui est la sœur de l’étalon KWPN Zidane (Heartbreaker, KWPN). C’est une souche étrangère, bien fournie en performers. Falanda m’a notamment donné Kokt El Pachavert (Apardi, KWPN), deuxième de la qualificative mâles de Saint-Lô et approuvé à trois ans. Je dispose également de la souche du Château, souche maternelle très confirmée, avec Ermine de Rance (Vigo Cécé), qui est une petite-fille de Sophie du Château. Ermine est une petite jument baie, assez facile à croiser. J’ai eu de cette souche une première pouliche en 2019, Kiss En Vole Pachavert, par Up to You*GFE, que j’ai décidé de garder. Je dispose aussi de la mère de Nosy Doll, Frivole du Houssoit (Baltik Sitte, sBs), dont j’avais fait l’acquisition auprès d’Amélie Quéguiner, de l’élevage Liam. Frivole, petite jument, a notamment produit Indy de Liam (Emerald van’t Ruytershof, Bwp), quatrième du championnat des cinq ans et labellisé “Elite” en 2023 lors de la Grande Semaine de Fontainebleau. Frivole est de la souche de l’étalon gris Exocet du Houssoit, bon performer sous la selle d’Audrey Paris et Valentin Besnard. 

Avez-vous fait vos choix d’étalons ?

Oui, mais tout n’est pas encore arrêté ! Pour cette année 2024, j’ai tout d’abord pensé à Grand Slam VDL, Bwp (Cardento, Holst), qui est le père de Nosy Doll Pachavert. Comme le croisement avec Frivole avait bien réussi, je voulais partir sur le même mariage. Mais, cette année, Grand Slam n’est disponible qu’en ICSI. Or, je ne souhaite pas avoir recours à cette méthode. J’ai donc changé un peu mon fusil d’épaule et je me suis orientée vers le frère de Grand Slam, le regretté Dallas VDL (Douglas, KWPN), qui a malheureusement été victime d’un accident lors du Salon des étalons de Saint-Lô. C’est une grande perte pour l’élevage. Je pense à Dallas pour Frivole, mais également pour Falanda, la sœur de l’étalon Zinedine. J’aime bien mettre un même étalon sur plusieurs juments, cela permet de vraiment cerner les similitudes et d’observer avec précision ce que le reproducteur transmet. Ensuite, Ermine de Rance, de la souche du Château, ira au Selle Français Zirocco Blue (ex Quamikase des Forêts). Sur cette souche ultra confirmée et commercialement intéressante, il faut bien le dire. J’aime bien mettre des étalons confirmés. Néanmoins, de temps à autre, je me prête au jeu de la jeune génétique, mais un croisement avec une très bonne souche et un étalon confirmé présente commercialement un intérêt, et il ne faut pas l’oublier, notre activité a pour finalité de vendre nos jeunes chevaux… Urbane, de la souche de la famille Brohier, ira à Carrera VDL (Cardento, Holst x Baloubet du Rouet). Il a une belle classe de galop, et le côté Baloubet va remonter le bout de devant d’Urbane. Carrera a beaucoup de sang, mais je me fie à l’excellente tête d’Urbane. 

Que recherchez-vous dans vos croisements ? Quels atouts attendez-vous d’un étalon ?

Je m’aperçois, avec tout ce que je viens de dire, que j’aime bien le sang étranger. Je prends l’exemple de Nosy Doll, issue du croisement entre Frivole du Houssoit et Grand Slam VDL : elle présente ce que je recherche dans mes croisements, l’alliance de force et de souplesse. Pour moi, il est très important de combiner les deux pour produire de bons chevaux de sport. Avant de réaliser un croisement, je regarde la morphologie de mes juments, leur façon de se mouvoir, leur équilibre, et j’adapte en fonction de ce qu’apportent les étalons. Je me penche également sur les mariages qui ont bien fonctionné. Je prends en compte la longévité sportive d’un étalon, ainsi que sa facilité d’usage. C’est une chose de faire des chevaux qui sautent très bien, mais il faut également qu’ils soient utilisables et donc bien dans leur tête.