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L’Expertise

François Athimon : “Il faut au moins deux ans pour former un cheval de voltige”

Emilie Dupont 21 juillet 2023

Du 24 au 30 juillet prochains, l’équipe de France de voltige a rendez-vous à Flying, en Suède, pour les championnats d’Europe Séniors et championnats du monde Jeunes. Si, lors de ces événements comme lors de toute compétition dans cette discipline, une grande partie des notes est attribuée en fonction des performances des voltigeurs, n’oublions pas que le cheval est lui aussi jugé. Mais qu’est-ce qu’un bon cheval de voltige ? Réponse avec François Athimon, directeur de la discipline au sein de la Fédération française d’équitation.

Quelles sont les qualités d’un bon cheval de voltige ?

Un bon cheval de voltige, c’est avant tout un bon cheval. Cela peut paraître évident mais ce que j’entends par là, c’est que l’on recherche des qualités de base qui sont les mêmes que pour les autres disciplines, à savoir une belle locomotion, une belle mécanique de galop, un cheval capable de passer d’un galop de travail à une allure plus rassemblée, mais également qui ait la capacité de porter et de supporter les déséquilibres induits par les voltigeurs et les éléments des programmes. Si je devais faire une comparaison, nous recherchons des chevaux de dressage, mais avec moins d’influx et de sensibilité.

Qu’attendez-vous de plus que ces qualités-là chez un cheval de voltige de très haut niveau ?

Effectivement, il faut que ces chevaux-là aient quelques petites choses en plus. À commencer par un excellent galop. Il faut également qu’il soit fiables et réguliers. La régularité du galop, la capacité du cheval et du longeur à former un couple serein, confiant, qui donne au voltigeur la capacité d’exprimer au mieux ses qualités, sont des éléments primordiaux.

Trouver un bon cheval de voltige, notamment pour le très haut niveau, n’est pas chose aisée. Comment expliquez-vous cette difficulté ?

Il est vrai qu’il n’est jamais simple d’en trouver et d’en cibler. Cependant, nous avons mis en place des temps de formation. Il faut au moins deux ans pour former un cheval de voltige, lui expliquer les rouages de la discipline et lui faire découvrir l’ambiance très particulière qui règne dans cette dernière. Le travail du longeur est d’ailleurs aussi important que particulier, du fait de sa posture assez lointaine et son langage corporel, basé sur une chambrière et une longe. C’est à lui de travailler la qualité du galop et de la maintenir, avec des petits effets.

Quelles sont justement les étapes de formation d’un cheval de voltige ?

Dans un premier temps, nous nous attachons à travailler la qualité du galop en le montant sur le plat, de manière très transversale, un peu comme un cheval destiné à une autre discipline. Par la suite, nous demandons, au fur et à mesure, un abaissement des hanches, un redressement de l’encolure et de la base du garrot plus en plus important, afin d’avoir un cheval qui s’abaisse un peu plus tout en se projetant vers le haut, avec une foulée de galop montante. Il y a donc deux choses parallèles : le travail sous la selle, qui permet ensuite d’optimiser la qualité de galop, et un travail de désensibilisation et de coopération avec le longeur. Pour ce dernier sujet, nous avons plusieurs outils leur permettant d’apprendre à faire abstraction des éléments extérieurs et d’être focalisés sur la codification avec le le longeur et le voltigeur, afin que les trois forment un trio.

D’où proviennent les chevaux qui constituent l’équipe de France ?

Actuellement, nous avons plusieurs chevaux étrangers, comme Sir Sensation, Westf (Sir Fidergold, Westf), avec Théo Gardies et Sébastien Langlois, ou encore Ronaldo 200, OES avec Quentin Jabet et Andrea Boe, mais également plusieurs chevaux français (nés en France ou inscrit au stud-book Selle Français, ndlr), comme Orlof de Condé, Bwp (Lord Leopold, BAWUE) avec Ruben Delaunay et Yannick Kersulec, Sushi de la Roque (Kannan, KWPN) avec Louis Dumont et Maud Bousignac Dumont, ou encore Ultrachic*HDC (Norton d’Eole) avec Baptiste Terrier et Marina Joosten Dupon. Chez les femmes, nous avons notamment Barrington, Westf (Borowski, Han) avec Océane Gehan, ainsi que Végas du Hans, Han (Viscount, Han) avec Maëlys Marmin, longés par Marina Joosten Dupon. Tous participeront d’ailleurs aux championnats de Flying, en Suède, du 24 au 30 juillet prochains. 

Photo : Quentin Jabet, ici sur Londontime, longé par Corinne Bosshard lors des championnats du monde d’Herning. Crédit : FFE/PSV.