L'E
L’Expertise

Optimiser sa détente d’hippique avec Maxime Livio

Emilie Dupont 20 mars 2024

À l’occasion des Journées du complet les 22 et 23 janvier 2023, Maxime Livio, cavalier de concours complet membre de l’équipe de France, avait enfilé sa casquette de coach le temps d’un clinic. Au programme : les exercices et éléments clés d’une bonne détente avant un parcours d’hippique au lendemain du cross.

Tous les cavaliers de complet le savent : aucun des trois tests ne doit être négligé. Et encore moins la préparation de ces derniers. Pourtant, comme le relève Maxime Livio, il n’est pas rare d’en voir certains faire des détentes trop rapides et pas assez approfondies, notamment dans le cadre de l’hippique. « Bien faire sauter les chevaux au lendemain du cross est un des défis majeurs de la discipline », rappelle le cavalier. Car, comme il le souligne, les cavaliers n’ont pas réellement le même cheval sous la selle lors de l’épreuve de fond et le lendemain. « Il peut être fatigué, avoir des courbatures et des douleurs aux pieds si le sol était ferme, etc. On perd généralement de la frappe, du respect et de l’équilibre », précise Maxime Livio. D’où l’intérêt de réaliser une détente complète, durant laquelle le cavalier doit être très à l’écoute de son cheval afin d’adapter ses exercices.

Liberté et décontraction sur le plat

Première étape de la détente et non des moindres car « elle permet de faire un point sur l’état de forme du cheval » : le travail sur le plat, en ne négligeant aucune des trois allures, et surtout pas le pas, qui permet déjà « d’obtenir beaucoup d’informations sur l’état mental et physique de son cheval. Dans cette première partie, on est un peu le kiné de sa monture », indique Maxime Livio. Place donc à un travail d’assouplissement, en mobilisant tout d’abord les épaules et hanches sur un cercle et en réalisant quelques cessions à la jambes. « Des choses simples, sans à-coup. » Une fois le cheval délié, passer au travail au trot. Pour cette partie, Maxime Livio conseille de s’installer sur un grand cercle et d’étirer au maximum son cheval, en lui laissant se mettre au bout de ses rênes dans un rythme confortable, « même si l’on considère ce dernier comme étant un peu mou. » Liberté et décontraction doivent être les mots d’ordre de ce moment de la détente. Puis, effectuer un travail des hanches, en les poussant et en étant attentif à la manière dont le cheval répond à chacune des jambes. « Ces premiers exercices peuvent durer trois minutes comme quinze en fonction des chevaux et de leur état de forme. » Autre conseil de Maxime Livio durant la détente au trot : ne pas réaliser trop de transitions. « L’idée c’est que les chevaux s’installent, se rassurent sur leurs appuis, prennent leur temps et soient plus sereins. » Au galop, même travail sur le cercle. Objectif : laisser fonctionner son cheval et sentir que tout fonctionne, de la tête à queue. Puis, l’inciter à couvrir un peu plus de terrain, notamment en avançant la main intérieure pour libérer l’épaule.

Une fois le travail d’assouplissement réalisé aux trois allures, il est temps de raccourcir les rênes et de repartir au trot sur un cercle, cette fois-ci dans une attitude un peu plus compacte, avec plus de propulsion. « Cela, vous l’obtiendrez avec votre dos et vos jambes », précise Maxime. Ensuite, sans changer le contact, place à un nouvel exercice, à faire plusieurs fois de suite : développer le trot, se rasseoir dans sa selle pour rassembler le trot et l’énergie, re-développer, etc. Un travail à effectuer également au galop, avec beaucoup de changements de vitesse et d’amplitude, toujours demandés à l’aide de son dos et de ses jambes. « À ce moment-là de la détente, il est possible d’introduire le galop qu’il vous faudra utiliser durant votre parcours », indique Maxime, qui précise également qu’il est intéressant de faire quelques transitions dans l’allure en ligne droite juste avant la fin de la détente. Enfin, repasser au trot et étirer de nouveau son cheval, afin d’assouplir le dos avant d’aller sauter.

Rassurer et travailler son galop à l’obstacle

Deuxième étape de la détente : le travail à l’obstacle. Pour cela, Maxime Livio conseille de débuter sur un petit vertical composé de deux barres l’une au-dessus de l’autre avec une barre de pied. « Ce premier saut doit être synonyme de confort : petit saut et petite vitesse avant de mettre le cheval à l’effort. » Évidemment, il est important de bien soigner son abord, mais aussi de continuer à travailler son galop après le saut, « car en piste, il y aura toujours un autre obstacle après. » Puis, augmenter progressivement la hauteur, enlever la barre de pied et conserver un galop de travail franc et un contact constant. Le cavalier doit également être attentif à sa position : des bras souples et un dos bien droit.

Quand les quelques sauts sur le vertical sont satisfaisants, passer sur un oxer, lui aussi composé de deux barres l’une au-dessus de l’autre sur le premier plan et d’une barre d’appel. Le tout, toujours dans un galop de travail. Puis, élargir l’obstacle et passer sur une vitesse de parcours (qu’il est recommandé de travailler et d’installer sur un cercle avant d’aller sauter). « L’idée c’est de travailler sur la largeur pour enclencher le saut et rassurer le cheval sur ses moyens », explique Maxime. Enfin, mettre l’oxer aux cotes du parcours, toujours sur le même profil. Aux cavaliers qui souhaitent rapprocher leur cheval de l’obstacle, Maxime conseille de « regarder la barre de pieds et aller contre. » Pour le dernier saut, revenir sur le vertical, un peu plus bas que les cotes, toujours dans un galop identique à celui qu’il faudra mettre en place sur le parcours. Enfin, marcher rênes longues, repenser à son parcours et à son galop avant d’aller en piste.

Comme le souligne Maxime Livio, lors de cette détente, il est primordial d’être à l’écoute de son cheval et toutes les informations qu’il transmet, aussi bien sur le plat qu’à chaque saut. Il est également essentiel d’adapter la détente au couple. « Les cavaliers qui disent “Je vais sauter ce qu’il y a”, je pense que ce n’est pas optimal », affirme-t-il avant de conclure qu’il est important de bien garder en tête que, quelle que soit la manière dont s’est déroulée la détente, ce qu’il se passera en piste sera possiblement différent. 

Crédit photo à la une: Eric Knoll