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L’Expertise

Prendre soin de son vieux cheval

Emilie Dupont 17 janvier 2024

Chaque mois, l’IFCE propose plusieurs webconférences, sur des sujets très variés comme l’alimentation, le bien-être, la génétique, le travail du cheval, etc. Cette semaine, L’Eperon vous propose de revenir sur la web conférence donnée par Marie Delerue, vétérinaire et ingénieure de projet et développement : « mieux prévenir et gérer les maladies des chevaux âgés ».

C’est une problématique à laquelle devraient un jour être confrontés tous les propriétaires de chevaux : la vieillesse de leur partenaire. Un moment parfois redouté, qui nécessite une attention et des soins tout particuliers. Car, ainsi va la vie, avec l’âge apparaissent généralement les problèmes dermatologiques, respiratoires, locomoteurs et dentaires. Néanmoins, en ayant les bons réflexes, il est possible de prévenir certains de ces petits désagréments. 

Mais, tout d’abord, une question se pose : à partir de quand considère-t-on qu’un cheval est âgé ? « Généralement, à partir de quinze ans », souligne Marie Delerue, vétérinaire. « Mais à cet âge-là, tous ne sont pas dans le même état de santé. La génétique, l’activité qu’ils ont eue auparavant ou leur mode de vie sont des variables importantes. » Pour autant, en vieillissant, tous les chevaux sont contraints de vivre avec un système immunitaire moins efficace et donc des capacités de défense vis-à-vis des des infections bactériennes ou virales plus faibles. Pour faire face à cela, « il est primordial de continuer à les vacciner régulièrement, notamment contre la grippe, la rhinopneumonie et le tétanos, ainsi que de les vermifuger », précise Marie Delerue.

Les problèmes dermatologiques

Avec l’âge, les chevaux sont également plus sujets aux problèmes dermatologiques. Il est donc important de continuer à les brosser afin de surveiller la qualité du poil – qui ne doit pas être long, rêche ou abîmé –, un défaut de mue ou encore l’apparition de masses, de croûtes, de suintements et de squames. Un contrôle régulier, qui pourrait notamment permettre de détecter rapidement un éventuel syndrome de Cushing, dû à des troubles hormonaux. Comme le rappelle Marie Delerue, cette maladie chronique touche 30 % des équidés de plus de quinze ans et peut être repérée grâce aux signaux suivants : un poil long et rêche, un retard de mue ou une mue incomplète, une sudation excessive, une fourbure chronique, un amaigrissement ou encore une distribution anormale des graisses. Beaucoup de symptômes qui, finalement, peuvent paraître simplement dus à la vieillesse. « Pour savoir s’il s’agit de la maladie de Cushing, une prise de sang est nécessaire. Un diagnostic et, si besoin, un traitement précoce permettent d’améliorer la qualité de vie du cheval », souligne la vétérinaire.

Autres points à surveiller : la présence de poux (indiquée à partir des squames, des poils ébouriffés et de dépilations irrégulières, sur la croupe, le dos, l’encolure et les membres), l’apparition de dermatophilose (indiquée à partir de suintements, croûtes, gonflements, boiterie) et l’apparition de tumeurs de type mélanomes dermiques et carcinomes épidermiques.

Les problèmes respiratoires et locomoteurs

Concernant les problèmes respiratoires, quatre signes principaux peuvent alerter les propriétaires de chevaux âgés : les jetages, la toux, la baisse d’appétit et l’apathie. Parmi les maladies respiratoires les plus courantes, on retrouve l’asthme équin, dû principalement à des facteurs environnementaux comme la présence de poussières, de particules fines ou d’acariens. « Il est essentiel de privilégier un hébergement en extérieur et de prohiber le foin sec », assure Marie Delerue.

Les problèmes locomoteurs sont aussi courants. Ils sont généralement visibles à partir d’une boiterie et des positions de soulagement au repos, mais peuvent également être indiqués par une fréquence de couchage élevée du cheval. Parmi les causes les plus courantes, il y a l’ostéo-arthrose. Et pour lutter contre cela, Marie Delerue insiste sur trois points : « il est nécessaire d’effectuer un parage régulier, de bien gérer le poids de son équidé et de l’héberger en extérieur afin que ses articulations fonctionnent en permanence et que sa musculature ne se dégrade pas. »

Problèmes dentaires et note d’état corporel

Comme le reste du corps, les dents s’abîment avec le temps et nécessitent un entretien régulier. Usure, crêtes et arêtes coupantes, caries ou perte de dents sont tout autant d’éléments qui engendrent une douleur pour le cheval et des problèmes de mastication pouvant eux-mêmes être la cause d’un amaigrissement chronique. « Il est important de surveiller les repas du cheval âgé et en particulier son rythme de mastication. Il faut également veiller à ce qu’il ne fasse pas de boulettes d’herbe ou ne stocke pas de nourriture dans sa bouche », précise l’experte, qui rappelle qu’un contrôle dentaire doit être effectué au moins une fois par an.

Autre indicateur essentiel de l’état de santé du cheval : la note d’état corporel. « Cela permet de mesurer l’embonpoint du cheval et de savoir s’il est nécessaire d’adapter la ration alimentaire. L’idéal est que la note soit située entre 2,5 et 3,5, voire 4 pour un vieux cheval en automne », souligne Marie Delerue, qui rappelle finalement que « l’attention et les soins portés à un cheval doivent être croissants avec l’âge. »

Crédit photo à la une: Pixabay