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L’Expérience

Sirius Black, les atouts d’un excellent sportif et père en devenir

Eperon 28 mars 2023

Après dix années à haut niveau dont six à s’illustrer sur les plus belles compétitions 5* du monde, Sirius Black, fidèle partenaire d’Edward Lévy, tire sa révérence au monde du sport. Un nouveau chapitre s’ouvre pour celui qui, grâce à son intelligence, ses moyens et son charisme, ne laisse personne indifférent et, après avoir été un exceptionnel sportif, va désormais se consacrer à sa carrière de père.

« Sirius a été mon premier cheval de haut niveau, c’est lui qui m’y a amené et qui a tiré toute mon écurie vers le haut. Il a été l’élément déclencheur de ma carrière », confie, non sans une certaine émotion, Edward Lévy en annonçant la retraite sportive de son fidèle Selle Français Sirius Black (Calisco du Pitray x Laudanum, PS), ce charismatique bai qui lui a permis de réaliser certains rêves et de créer des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire de cavalier. « Parmi les plus beaux moments que Sirius m’a offerts, il y a le Grand Prix de Paris, lors des Longines Masters. J’étais parmi les tout nouveaux cavaliers à ce niveau-là, c’était notre deuxième Grand Prix 5*. Je me suis retrouvé aux côtés des meilleurs cavaliers mondiaux au barrage lors d’un concours qui était à l’époque l’un des plus prisés, Sirius avait sauté de manière incroyable… C’est vraiment un beau souvenir, tout comme ma première victoire en Coupe des nations 5*, à Gijon, grâce à Sirius également », se souvient le Normand d’adoption qui, dès sa rencontre avec l’étalon bai, avait tout de suite vu en lui un cheval hors du commun.

Histoire de hasard, de coup de cœur et de confiance

Né chez Jacqueline Dubuisson-Luchaire, cavalière et éleveuse hors pair, dans le Calvados, le 6 mai 2006, Sirius Black a été formé par Bruno Coutureau sur le circuit Jeunes chevaux puis sur la scène internationale, avant d’être acquis par la femme du cavalier, Sophie Pélissier-Coutureau, qui, semble-t-il, avait eu un coup de cœur pour ce cheval au coup de saut exceptionnel. Et elle n’a assurément pas été la seule, comme le raconte Edward Lévy. « La première fois que j’ai vu Sirius, ça a été un pur hasard. Je rentrais d’un an en Allemagne, j’étais quelque temps en Normandie, avant de partir pour les États-Unis. Je m’étais rendu à un concours à Deauville. En arrivant, la première personne que je vois, c’est Bruno Coutureau, qui était sur la piste. Au loin, je l’aperçois faire trois sauts avec son cheval et je me dis que celui-là saute vraiment très, très bien. Je vais donc tout de suite voir Bruno et Sophie pour leur dire bonjour et leur demander qui est ce cheval. Ils me présentent un certain Sirius Black. Honnêtement, il m’a tout de suite plu. Il était magnifique, très félin, très fin et en même temps très élastique, vraiment pas commun. Je pense que c’est un cheval qui n’a jamais laissé indifférents ceux qui l’ont vu de près ou de loin », souligne le cavalier qui s’est vu confier l’énergique bai en 2016, avant de convaincre l’un de ses plus fidèles partenaires, la société Show Jump, d’investir dans une partie du cheval tant le coup de cœur avait été grand. « Ils m’ont fait confiance et m’ont permis de gérer la carrière de Sirius comme je l’entendais. Leur soutien a été et est toujours très important pour moi. »

Ainsi a débuté la belle histoire de Sirius Black et Edward Lévy, qui a été suivie de près par Sophie Pélissier-Coutureau, toujours propriétaire d’une partie de l’étalon. « Chaque sélection, chaque podium, chaque victoire, chaque nouvelle expérience avec Sirius était une source de joie incommensurable pour la famille Pélissier-Coutureau et moi. Nous sommes toujours restés en contact car nous sommes très proches, Sophie m’ayant accompagné durant une partie de ma formation. C’est d’ailleurs en concertation avec eux que nous avons pris la décision de mettre un terme à la carrière sportive de Sirius. Nous nous sommes dit qu’il n’y avait pas mieux que d’arrêter un cheval alors qu’il est en très bonne forme », précise Edward Lévy.

Une carrière, des choix

Pendant près de dix ans, Edward Lévy et les propriétaires de Sirius Black ont fait le choix de donner la priorité au sport, bien que le bai soit étalon. « Mélanger sport et reproduction n’est pas toujours facile, les concours de haut niveau demandent souvent de longs voyages et nécessitent d’avoir de vraies pauses. Nous avions donc décidé que les moments de pause seraient de vrais moments de pause, pas des moments on le mettait sur un mannequin. Nous voulions qu’il puisse vraiment souffler », explique son cavalier. À dix-sept ans et dans une forme des plus belles, Sirius va désormais débuter une nouvelle vie, consacrée « à la reproduction et au broutage de gazon », comme l’indique Edward Lévy avec humour.

Si la décision est prise, elle ne l’a cependant pas été sans une certaine réflexion. « Il est encore très en forme. Cet hiver, nous avons souvent été sur la plage, en trotting et fait des entraînements en extérieur. Mais plus la saison arrivait et plus je me demandais si j’avais vraiment envie de l’emmener aux quatre coins du globe alors qu’il connaît déjà tout, ne va plus rien découvrir. J’ai aussi un piquet de chevaux de huit à dix ans qui arrive en force, ce qui m’a convaincu de ne pas faire une année supplémentaire ou le concours de trop avec Sirius, que ce soit physiquement ou mentalement. Son dernier concours a été Saint-Tropez, il avait été performant et avait très bien sauté. Je pense que Sirius nous a tout donné et aujourd’hui, le meilleur moyen de le remercier, c’est de lui offrir une retraite alors qu’il est encore en forme et heureux. »

Comme l’indique Edward Lévy, le beau Sirius Black sera stationné cette année chez Xavier Leredde. « Je suis impatient de voir sa production et de savoir comment il va être utilisé en tant qu’étalon mais ce qui compte le plus pour moi, c’est de le savoir en forme et heureux, de pouvoir venir le voir », précise-t-il également.

Aussi bon sportif que père

Bien que la carrière sportive de Sirius Black ait été la priorité pendant de nombreuses années, le bai est cependant déjà père de trois jeunes chevaux, nés chez la famille Pélissier-Coutureau. Parmi eux, une certaine Figg Blac (mère par Landetto, Holst), qu’Edward Lévy a eu le bonheur de monter. « C’est une jument de huit que nous venons de vendre aux États-Unis. Elle a sauté les sept ans et c’est vraiment la crack de concours. À mon avis, elle sera une super gagnante, qui fera au moins des épreuves cotées à 1,45 mètre », affirme le cavalier qui a eu, à travers cette Selle Français grise, la joie de retrouver beaucoup de son cher Sirius. « Elle a vraiment la mentalité, la souplesse, le coup de jarret et l’intelligence de la barre de son père ainsi qu’un super look. Quand je rentrais en piste avec elle, je savais que s’il y avait une faute, c’était un simple accident. En une quinzaine de parcours avec elle, nous avons dû faire une ou deux fautes, pas plus. C’était incroyable de monter une jument qui avait autant de ressemblances avec Sirius. Avec un tel premier produit, j’ai vraiment hâte de voir les autres. En plus, Sirius a une excellente souche maternelle, et s’il transmet ne serait-ce que la moitié de son mental, cela suffira déjà pour aller très loin. »

Des qualités et une bonne lignée maternelle à transmettre

Effectivement, outre ses excellentes qualités sportives, Sirius Black a une très bonne lignée maternelle à transmettre à sa descendance. Chacune des composantes de cette lignée a d’ailleurs soigneusement été choisie par Jacqueline Dubuisson-Luchaire sur plusieurs années. Après avoir fait l’acquisition de Dauphine C, DS (Furioso, PS), l’éleveuse l’a croisée avec l’étalon Nikyo, SF (Fra Diavolo, PS). De ce croisement sont nés Sahkar, ISO 149 en 1972, vainqueur du Grand Prix de La Haye avec Michel Pélissier, le père de Sophie Coutureau, Banzaï, gagnant sur la scène internationale, ainsi que Gerunda, SF, la grand-mère de Sirius. Cette dernière a, à son tour, donné naissance à sept poulains, dont Ladoga II (Night and Day, PS) en 1977, ISO 140 en 1985, et Us et Coutumes (Laudanum, PS) en 1986, la mère de Sirius, qui s’est avérée être, elle aussi, une très bonne sauteuse et compétitrice. Décorée d’un ISO 150 en 1999, elle a connu de nombreux classements lors d’épreuves cotées 1,40 mètre avec Jacques Dubuisson, le fils de Jacqueline et Renaud. Bref, les qualités de sauteur de Sirius ne viennent pas de nulle part…

Côté paternel, Sirius a reçu le sang du Selle Français Calisco du Pitray, qui a vu sa carrière sportive écourtée mais a engendré de bons sportifs, dont six ont affiché un ISO supérieur à 150, à l’instar de Latina du Pitray (ISO 166 en 2009), Maidelis d’Elke (ISO 158 en 2016) ou encore Oxygène d’Eglefin (ISO 156 en 2014). Certains de ses descendants se sont également illustrés en concours complet, comme Topsecret d’Eglefin, ICC 151 en 2017. La mère de Calisco, Krichna III (Night and Day, PS), fut quant à elle également une grande compétitrice, sacrée championne de France à six ans et décorée d’un ISO 173 en 1984. Sirius Black ne semble ainsi avoir que de bonnes choses à transmettre…

Crédit photo : Eric Knoll.