L'E
L’Expertise

Travailler la rectitude du jeune cheval avec Matthieu Vanlandeghem – Partie 1

Emilie Dupont 24 janvier 2024

La progression à l’obstacle du jeune cheval de concours complet : tel était le sujet du clinic animé par Matthieu Vanlandeghem à l’occasion des Journées du complet en 2023. Une thématique que l’écuyer du Cadre noir de Saumur et cavalier de concours complet a abordée en concevant différents exercices autour d’un élément central : la rectitude. Le tout, évidemment, calme, en avant et droit.

Que cela soit en dressage, en saut d’obstacles ou sur le cross, la rectitude est un élément primordial, sur lequel l’accent doit être mis dès la période de formation du jeune cheval, comme le rappelle Matthieu Vanlandeghem. Pour illustrer cette notion plus complexe qu’elle n’en a l’air, l’écuyer utilise l’image du train, qui roule constamment sur des rails et n’en sort (normalement) jamais. « Pour aller sauter, on peut imaginer que le chemin à suivre est matérialisé par des rails, que le cheval doit suivre en ayant le postérieur gauche et l’antérieur gauche alignés, tout comme le postérieur droit et l’antérieur droit. » Un schéma valable en ligne droite, mais également dans les courbes. « Il est très important d’avoir des chevaux droits dans les courbes, pour avoir un bon équilibre, apprendre à se stabiliser et répartir au mieux les forces propulsives sur les appuis. Cela permettra, autant en ligne droite qu’en tournant, d’être bien équilibré, et au cavalier de faire coïncider son centre de gravité avec celui du cheval. » La théorie étant rappelée, place à la pratique, que l’écuyer a pensée en se basant sur la notion de progression. L’idée, à travers les exercices proposés, est d’amener le cheval pas à pas vers différents profils d’obstacles, en s’assurant qu’à chaque étape, les bases – et notamment la rectitude – soient bien respectées.

Rectitude et régularité

« Il est important, dès l’âge de quatre ans, d’apprendre au jeune cheval à bien sauter. Et cela passe, notamment durant la période de travail hivernal, par une phase de mécanisation, lors de laquelle le cheval doit être capable de répéter ses sauts et ses foulées », explique l’écuyer qui, pour travailler cela, a mis en place une ligne composée de quatre obstacles très encadrés afin que le cheval comprenne au mieux ce qui lui est demandé, puisse se situer, trouver sa place et se rééquilibrer si besoin. « Dans un premier temps, il s’agit d’éduquer le cheval à cette notion de rails ou de couloir. Pour cela, il ne faut pas hésiter à s’aider du matériel. » Le dispositif proposé par l’écuyer est le suivant : sur une ligne, une barre de réglage posée à six mètres d’un premier vertical suivi, à une foulée, d’un autre, puis d’une distance de quinze mètre qui doit permettre « de vérifier que le cheval est régulier », à la suite de laquelle s’enchaînent deux verticaux espacés d’une foulée (voir schéma ci-dessous). Objectif : sauter droit, dans un galop le plus régulier possible et dans le calme. Comme le précise l’écuyer, lors de ce travail de mécanisation, basé, en début de séance, sur des cavalettis, le passage de ces derniers doit, pour le cavalier, donner l’impression d’une foulée simplement un peu plus haute que les autres, mais toujours dans le même rythme. « La difficulté, avec les jeunes chevaux, est qu’ils doivent avoir la capacité de se pousser tout en se tenant. » Si besoin, lors de cet exercice, des barres placées en V – écartées et avec une pointe pas trop fermée – peuvent être ajoutées sur les obstacles. « Cela va permettre de canaliser le cheval et l’inciter à se tenir un peu plus. Cela aide également les chevaux qui ont tendance à rester dans un équilibre un peu précaire. » Une fois le dispositif bien franchi, Matthieu Vanlandeghem propose de rajouter quelques soubassements, en laissant les barres en V. « L’idée, c’est de faire découvrir au jeune cheval ces éléments, tout en conservant cette notion de couloir. »

Les biais

Étape suivante : amener progressivement le cheval sur des obstacles de biais, mais en conservant toujours une bonne rectitude  (voir schéma ci-dessous). Pour cela, Matthieu Vanlandeghem propose de jouer sur deux paramètres, à savoir le biais, évidemment, mais également la suppression de quelques éléments d’encadrement, et notamment des dernières barres au sol formant le couloir. « L’idée est d’apprendre au jeune cheval à rester sur un axe le plus droit possible, avec un encadrement moindre », explique l’écuyer. Pour cela, ce dernier place les obstacles concernés de biais mais laisse le soubassement droit, afin que le cheval garde un repère. « Ces profils d’obstacles sont de plus en plus présents en compétition. Il est très important de bien éduquer les chevaux à cela avant d’aller en concours, ne serait-ce que sur des obstacles mobiles, comme ici. La compétition ne doit ni être de la découverte, ni de l’imprévu. »

Une fois le travail sur la ligne droite maîtrisé, place au travail sur la courbe, dont les explications seront à retrouver demain sur leperon.fr.

Crédit photo à la une: L'Eperon/A.V