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L’Expérience

Yves Faussurier : « Bien connaître les étalons que l’on utilise » 

Emilie Dupont 20 mars 2024

À la tête de l’élevage à l’affixe “de Farjonnière” qu’il a fondé au sein de la ferme de Rancé, dans l’Ain, il y a près de trent-cinq ans, Yves Faussurier a notamment eu le bonheur de voir évoluer au plus haut niveau Vélina de Farjonnière, et devrait le retrouver avec Go Up de Farjonnière, Hindya de Farjonnière ou encore Gaia de Farjonnière, qui ne cessent de briller sur les épreuves réservées aux jeunes chevaux. Grâce à un système bien rodé, Yves Faussurier voit ainsi régulièrement ses protégés se distinguer. Peut-être que ceux qui naîtront en 2025 – dont l’éleveur nous partage d’ores et déjà les origines – en feront de même… 

Combien de poulains faites-vous naître chaque année ? 

J’ai fait naître mon premier poulain il y a trente-cinq ans, alors que je cumulais encore mon activité d’éleveur et celle d’ingénieur commercial dans le domaine des composants électroniques pour l’industrie française. Depuis cinq ans, j’ai fait le choix de ne plus faire naître de poulains à partir de poulinières âgées ou uniquement destinées à la reproduction. Désormais, nous ne mettons à la reproduction que nos pouliches de deux ans ayant les meilleures origines, en leur prodiguant les meilleurs soins possibles, évidemment. Cela, entre autres, pour maîtriser et exploiter au mieux les origines, notamment maternelles, de mes produits. A deux ans, les juments sont saillies, à trois ans, elles ont leur poulain, et à quatre ans elles commencent les Cycles classiques. Je sais que le fait de faire saillir à deux ans soulève parfois quelques débats. Pour ma part, avec le recul, je constate que si toutes les conditions sont réunies (hébergement, confort, alimentation, etc.), il n’y a aucun problème avec cela. Le tout reste de bien faire les choses, dans le respect des juments. Depuis cinq ans, nous avons également fait le choix de pratiquer le transfert d’embryons avec toutes nos juments ayant fait leurs preuves en compétition. En temps normal, nous faisons naître trois à quatre poulains par an. Mais, exceptionnellement, pour 2024, nous en attendons six. Nous avons en effet fait du transfert d’embryons avec Gaia de Farjonnière (Diamant de Semilly), ISO 146 à huit ans et qui évolue désormais aux côtés de Charlotte et Mark McAuley, et Flower de Farjonnière (Diamant de Semilly), ISO 145 et âgée de neuf ans. La première aura, en 2024, nous l’espérons, un produit de Colestus, Westf et un autre d’Eldorado van de Zeshoek, Bwp. Flower aura quant à elle un descendant par Cristallo, Westf et un autre par Colestus, Westf. Cette année, nous attendons également un poulain de Lexa de Farjonnière (Emerald van’t Ruytershof, Bwp) et Untouchable 27, KWPN. Enfin, il y a quelques jours, le premier poulain de l’année a vu le jour au sein de l’élevage et est issu du croisement entre une fille de Diamant de Semilly sur la lignée maternelle de l’élevage de Batilly, Lylou d’Harmonie, et Cornet Obolensky, Bwp.

Sur quelles souches maternelles votre élevage repose-t-il ?

J’ai commencé l’élevage en faisant naître Indy de Billy, une fille de l’étalon Stew Boy, issu du croisement entre Jalisco et Uriel, sur la lignée maternelle de la toute bonne Graine d’Oria (Rantzau, PS), qui s’est illustrée jusqu’en épreuves 1,60 mètre avec Eric Levallois. Aujourd’hui, je travaille toujours à partir de cette souche, notamment avec Hindya de Farjonnière et ses filles, Kyndia et Made In, ainsi que ses petites-filles, à l’instar de Flower. Ensuite, en ce qui concerne les juments mentionnées précédemment, Lexa de Farjonnière a quant à elle, dans sa lignée maternelle, le tout bon Chellano Z, avec un croisement Baloubet du Rouet x Muguet du Manoir. On y retrouve Pastourelle de Smet, sBs ou encore Castilles des Rosiers Z, que l’on a pu voir jusqu’en CSI 1,45 mètre. Enfin, Lylou d’Harmonie est, comme je le disais, issue d’une lignée maternelle de l’élevage de Batilly de Jean-Claude Viollet avec Si Kim Batilly (Burggraaf, Holst). C’est de celle-ci dont est également issu Qopilot Batilly Z (Qlassic Bois Margot), ISO 163 et que l’on a vu à haut niveau avec Simon Delestre. Cette dernière lignée est assez récente chez nous car nous avons acheté Lylou d’Harmonie au sevrage il y a deux ans.

Quels étalons avez-vous sélectionnés cette année ?

Cette année, nous avons décidé de faire un transfert d’embryon avec Kyndia de Farjonnière (Cooper van de Heffinck, Bwp), fille d’Hindya et donc issue de la lignée maternelle fondatrice de mon élevage, afin qu’elle ait un poulain d’Eldorado van de Zeshoek, Bwp. Nous avons choisi cet étalon car, à partir de cette lignée maternelle et du croisement avec Toulon, Bwp, nous avions fait naître notre Vélina de Farjonnière, qui s’est illustrée jusqu’en CSI5* avec Mark McAuley. Mais Toulon étant un peu compliqué à obtenir en direct, je suis allé à l’un de ses descendants que j’apprécie beaucoup. Eldorado, qui est notamment le père du vainqueur du dernier Grand Prix de ‘s-Hertogenbosch, Highway TN N.O.P, est un fils de Clinton, Holst et de Bijou d’Orai, Bwp (Toulon, Bwp), qui est également la mère de GL Events*Dorai d’Aiguilly (Kannan, KWPN), qui a participé aux championnats d’Europe de Milan l’an passé avec Olivier Perreau. Ensuite, nous allons faire un second transfert entre Jasall de Farjonnière (Casall, Holst et Gaia de Farjonnière) et, normalement, Qlassic Bois Margot ou peut-être Colestus, Westf. Cela car Jasall n’étant pas très grande, nous souhaitons ramener de la taille et de la galopade. Enfin, Made In Farjonnière (Cristallo, Westf et Hindya de Farjonnière) ira à Untouchable 27, KWPN. On retrouve, dans le pedigree de ce dernier, Papillon Rouge, que j’aime beaucoup et c’est un mâle qui produit bien. Comme vous pourrez le constater, je ne travaille donc qu’à partir d’étalons ayant performé sur la scène internationale au plus haut niveau et dont la descendance a également déjà fait ses preuves. Je n’ai pas beaucoup de produits chaque année donc je souhaite mettre toutes les chances de mon côté pour que mes chevaux soient bons et intéressants commercialement. Généralement, mon choix se fait parmi les dix meilleurs étalons du monde à ce moment-là, en tenant bien compte de leurs qualités et de leurs défauts, ainsi que celles et ceux de mes juments. Il faut que les étalons soient améliorateurs. Mais mes juments sont toutes issues de lignée pleine de sang, donc il est assez facile de penser les croisements.

Quelles qualités recherchez-vous à travers vos croisements ?

Etant juge pour le stud-book Selle Français, je suis très attentif au modèle et au chic. Ensuite, pour réussir en saut d’obstacles, il faut que les chevaux aient un bon mental, du sang et de la force.

Crédit photo à la une: Coll. privée