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L’Expertise

Le travail des épaules en dedans avec Julia Krajewski

Emilie Dupont 13 février 2024

Le 27 janvier dernier, à l’occasion de la quinzième édition des Journées du complet, Julia Krajewski, championne olympique de concours complet, et Franck Messialle, vétérinaire, sont intervenus en duo pour une masterclass nommée “Adapter sa détente à son cheval en compétition”. Après le rappel des éléments à ne pas négliger lors de cette partie d’une séance, focus sur l’intérêt des épaules en dedans lors d’une détente.

Bien échauffer son cheval peut paraître simple. Et pourtant. Il ne s’agit pas seulement de faire quelques tours de carrière au pas, puis au trot et enfin au galop, mais plutôt de préparer de la manière la plus optimale possible le corps du cheval à l’effort qui va suivre, quel que soit ce dernier. Pour cela, certains exercices – parfois boudés des cavaliers – s’avèrent excellents. C’est notamment le cas des épaules en dedans, comme le souligne Franck Messialle. “Il ne faut pas hésiter à faire une grande détente au pas, notamment avec un travail d’épaules en dedans. Cela permet au postérieur de prendre sa place sous la masse, sans vitesse. On va chercher à avoir de l’amplitude et de l’engagement, tout en gagnant en souplesse. Les épaules en dedans ont souvent des effets remarquables, notamment pour délier et faire fonctionner le dos”, indique le vétérinaire. Et pour les travailler au mieux, quoi d’autres que les conseils joints d’une championne olympique et d’un vétérinaire ?

Tout en transitions

Après une première phase d’échauffement aux trois allures, Julia Krajewski propose un exercice aux consignes simples : travailler les épaules en dedans en incluant des transitions ascendantes et descendantes, aux deux mains. Objectif donc : sur le grand côté de la carrière, réaliser une épaule en dedans au trot puis, quelques foulées plus loin, repasser au pas tout en conservant l’épaule en dedans, avant de repartir au trot dans les mêmes conditions. “L’idée, à partir de cet exercice, est de travailler l’engagement du postérieur intérieur. Pour cela, l’important, selon moi, est de bien se concentrer sur sa position et sur l’orientation du cheval. La jambe intérieure doit rester à la sangle et faire pression pour pousser les épaules du cheval, tandis que la jambe extérieure doit être légèrement reculée tout en restant présente. Les épaules du cavalier doivent être tournées dans l’angle souhaité. Il est également important de garder ses mains bien en place, chacune de leur côté de l’encolure. Il ne faut pas bloquer sa main intérieure. Si votre position est bonne, une grande partie du travail est déjà faite”, explique la cavalière allemande. Et cela, également dans les transitions. “Pour les transitions, notamment au trot et au pas, il ne faut pas hésiter à ouvrir un peu les doigts tout en continuant de demander avec la jambe intérieure.

L’exercice des épaules en dedans peut également être réalisé à partir d’un cercle, qui facilite généralement l’obtention de l’attitude recherchée. Ainsi, Julia Krajewski conseille par exemple, dans le coin précédent le grand côté de la carrière, de réaliser un cercle de dix mètres au trot, puis, une fois ce dernier fini, de repasser au pas en épaule en dedans, avant de repartir au trot selon le même exercice et de conclure par un autre cercle de dix mètres. “Le pas doit par ailleurs rester actif”, souligne la championne olympique.

Une fois l’exercice réalisé aux deux mains avec des transitions pas/trot, il peut également être effectué au galop/trot. Le tout, évidemment, aux deux mains et en n’oubliant pas que les chevaux sont rarement d’une symétrie parfaite. “Comme souvent avec les chevaux, il faut s’adapter. Certains sont plus à l’aise à droite, d’autres à gauche. Dans tous les cas, il ne faut pas exactement travailler et demander la même chose aux deux mains. Il faut faire en fonction des forces et des faiblesses de chaque cheval”, indique Julia Krajewski.

De l’importance d’un mouvement correct

Dans ce type d’exercices comme dans d’autres, comme le souligne Julia Krajewski, plus qu’une grande expression dans les allures ou une mise en main exemplaire, ce qui est recherché, c’est avant tout un mouvement correctement réalisé. “Même si ce n’est pas spectaculaire, tant que l’exercice est effectué avec précision et régularité, c’est le plus important. Il faut commencer simplement avant de chercher des choses plus complexes. Par ailleurs, il faut avant tout se concentrer sur la position et le travail du corps du cheval plus que celle de l’encolure. Les réglages de la mise en main sont secondaires.” Conseils à suivre.

Crédit photo à la une: Eric Knoll